Comment les étrangers, immigrés ou réfugiés, vivent-ils à Toulouse ? Pour le savoir, la journaliste Ariane Mélazzini-Déjean a décidé de leur permettre de se raconter avec leurs propres mots. Sous sa houlette, 12 apprenants en langue française ont ainsi donné naissance au premier numéro du journal ‘’Brins de parole’’.
// Maylis Jean-Préau
GAZETTE. C’est un beau journal en format A4. Pourtant, “Brins de parole” n’a pas été réalisé par de vrais journalistes. Ses auteurs s’appellent Khalid, Rosa ou Wan. « Ils viennent du Maroc, du Honduras, d’Albanie… avec des parcours différents, parfois douloureux, et ont de 20 à 55 ans », explique Ariane Mélazzini-Déjean. « Ils apprennent la langue française avec l’association Parole Expression. Pendant un mois, ils ont suivi un atelier d’écriture journalistique. » Des clichés de ces ateliers, pris par la jeune photographe Aurélie Caralp, font aujourd’hui l’objet d’une exposition à la bibliothèque des Minimes, dans le cadre de la Caravane des dix mots en Occitanie.
PAGE BLANCHE. Tout a commencé par la rencontre entre la journaliste et Nathalie Strelkoff, coordinatrice de l’association Parole Expression. Cette dernière dispense des cours de français aux étrangers depuis plus de 20 ans. « J’avais envie d’utiliser mon savoir-faire pour apporter une pierre à l’édifice », raconte Ariane Mélazzini-Déjean. Elle propose alors aux apprenants en langue française de participer à la rédaction d’un journal. « Certains ont renoncé au projet car, dans leur pays d’origine, la liberté d’expression n’est pas toujours évidente », poursuit-elle.
APÔTRES. 12 apprenants se sont lancés dans l’aventure. « Au cours des ateliers, ils ont appris à se raconter, en français, à dire ce qu’ils avaient vécu, avant et dans leur parcours d’intégration… En utilisant des formes journalistiques simples, cela a permis de libérer la parole ! » se réjouit Ariane Mélazzini-Déjean.
REPORTER. Diplômée de l’École de journalisme de Toulouse, Ariane Mélazzini-Déjean a déjà exploré la presse culturelle et jeunesse, et passé quatre ans au Maroc dans la presse francophone. Mais elle avait envie de « sortir le journalisme de son microcosme », persuadée qu’un « journal peut être un formidable outil d’expression ».
SUITE. À la sortie de “Brins de parole”, une journaliste en herbe lui a dit : « Avant, j’avais peur. Plus maintenant ! » Une raison suffisante pour encourager Ariane Mélazzini-Déjean à poursuivre son travail. Le second numéro devrait sortir en novembre.
La rédaction
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