Déclassement ou précarité, la dernière étude de l’Insee Occitanie décrit les difficultés d’accès à l’emploi que rencontrent les immigrés dans la région.
Neuf Occitans sur cent sont immigrés, indique l’Insee. Cela signifie qu’ils sont nés à l’étranger, sans la nationalité française. Beaucoup ont obtenu cette dernière depuis leur arrivée, puisque quatre immigrés occitans sur neuf sont aujourd’hui français. Originaires à 46 % d’Europe (principalement de l’Espagne et du Portugal) et à 41 % d’Afrique (principalement du Maroc et de l’Algérie), la grande majorité d’entre eux ont moins de 65 ans. « Les immigrés sont plus souvent en âge d’être actifs, mais ils sont moins souvent en emploi que le reste de la population », constate Rémi Lardellier, de l’Insee Occitanie. En effet, il y a une différence de 12 points entre le taux d’emploi des deux populations. Ce que le chercheur attribue à plusieurs facteurs : des niveaux de diplômes et de qualification plus bas ou des caractéristiques économiques du lieu de résidence moins favorables.
Les cinq premières années sont les plus dures pour un immigré qui cherchent un emploi en Occitanie. Par comparaison, il a deux fois plus de risque de se retrouver au chômage durant cette période qu’une personne née en France. « Ces difficultés peuvent notamment s’expliquer par les conditions accompagnant certains titres de séjour ou par l’absence d’un réseau de relations suffisant dans les premières années, pour aider à trouver un emploi », interprète Rémi Lardellier. À cela s’ajoute que les actifs n’ayant pas la nationalité française n’ont pas accès aux emplois publics.
À noter que les immigrés nés en Afrique et les Français d’outre-mer rencontrent encore plus de difficultés que les autres actifs dans la recherche d’un emploi, ce qui « peut renvoyer à la notion de discriminations à l’embauche », suggère l’auteur. Il s’appuie sur des travaux de l’Ined, « qui ont montré que les premiers motifs de discrimination, notamment dans le cadre d’une recherche d’emploi, sont liés à l’origine et à la couleur de peau. »
L’Insee confirme que les immigrés actifs occupent plus souvent des emplois non qualifiés, quel que soit leur niveau d’étude. « De ce fait, les immigrés diplômés du supérieur sont plus souvent en situation de déclassement que les non-immigrés, c’est-à-dire surqualifiés par rapport aux emplois qu’ils occupent », illustre Rémi Lardellier. Des emplois non qualifiés qui relèvent de secteurs d’activité bien spécifiques, intensifs et peu valorisés : nettoyage, hôtellerie, restauration ou récolte agricole pour les femmes, auxquels il faut rajouter celui de la construction pour les hommes.
Enfin et logiquement, les salariés immigrés occupent plus fréquemment des emplois précaires. Plus limités dans le temps (CDD ou intérim) en moyenne et plus souvent à temps partiel que ceux des salariés non immigrés.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
Voir les publications de l'auteur
Commentaires