À l’issue de la première assemblée générale sur le territoire français, les Gilets jaunes de Haute-Garonne ont choisi de structurer leur mouvement afin de gagner en efficacité. Une organisation qui se fera autour des idées et des revendications, sans porte-parole.
Malgré le froid et la pluie, plus de 600 personnes se sont réunies ce dimanche sur le parking de la base de loisirs Sesquières à Toulouse pour participer à la première assemblée générale des Gilets jaunes en France. Créé à l’initiative de Jean-Michel Rossi, chauffeur de taxi dans le Lauragais, et de la Fédération citoyenne des Gilets jaunes de Haute-Garonne, l’événement avait pour objectif de déterminer si le mouvement devait ou non se structurer. La question de la représentativité se pose en effet, notamment après les tensions autour de Benjamin Cauchy, autoproclamé porte-parole dans le département.
« Cette absence d’organisation est-elle notre force ou notre faiblesse ? Nous sommes ici pour que les gens précisent s’ils souhaitent désigner un ou non des représentants. Il me semblait important que nous nous parlions autrement que via les réseaux sociaux », s’interrogeait en amont l’initiateur de l’événement.
Anne, présente au péage de L’Union depuis le 17 novembre, confie avant les débats que la structuration est pour elle nécessaire aujourd’hui. Cette auxiliaire de vie, qui gagne 800 euros par mois, assure que « les Gilets jaunes affichent de nombreuses revendications sensées, notamment autour du pouvoir d’achat, avec la revalorisation du Smic et la suppression de la hausse de la CSG pour les retraités ». Pour les faire entendre, elle ne veut pas de personnes « comme Benjamin Cauchy ». « Nous ne l’avons jamais vu sur les barrages », lance-t-elle.
« Des idées fortes vont sortir de toutes les revendications »
Dans un exercice de démocratie directe, une cinquantaine de personnes – demandeurs d’emploi, artisans, professeurs, avocats, retraités, étudiants – ont pris la parole. Alors que certains proposent un tirage au sort de porte-paroles tournants, d’autres se méfient de la désignation de représentants, « plus faciles à manipuler ou à corrompre » et toujours en difficulté face à des professionnels du discours public. Les gestes du gouvernement sont considérés comme « des miettes » et l’une des revendications principales demeure la création du Referendum d’initiative citoyenne.
Après plus d’une heure et demie d’échanges, deux questions ont été soumises au vote. Êtes-vous pour ou contre une structuration du mouvement ? Si oui, voulez-vous des représentants ou une structuration autour des idées ? Les nombreux Gilets jaunes présents se sont exprimés majoritairement en faveur d’une structuration mais ont rejeté à la quasi-unanimité la possibilité de choisir des représentants. C’est autour des idées qu’ils souhaitent se retrouver et deux volontaires vont donc réfléchir à des outils permettant de structurer les revendications en vue de la prochaine assemblée générale.
« Je pense que cela fonctionnera comme un entonnoir. Des idées fortes vont sortir de toutes les revendications », estime Jean-Michel Rossi, qui va donc passer le flambeau. En attendant le discours d’Emmanuel Macron, il estime que le mouvement continuera et souhaite éviter les centres-villes pour empêcher les débordements. « Les péages gratuits ou les opérations escargot aux caisses des supermarchés comme Auchan qui ne payent pas leurs impôts me paraissent plus pertinents », conclut-il.
Paul Périé
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