23 familles prises en charge par la préfecture dans des hôtels à Toulouse se sont vues notifier leur expulsion, le 17 août prochain. Le Cedis 31 dénonce une mise à la rue en catimini dans un contexte particulièrement délicat.
Le Cedis 31 alerte sur l’expulsion imminente de 23 familles hébergées en dispositif hôtelier à Toulouse © Lionel AllorgeLe 17 août prochain, une vingtaine de familles jusqu’ici hébergées en dispositif hôtelier à Toulouse, en grande majorité des demandeurs d’asile déboutés, seront remises à la rue. Si la procédure est classique et bien connue des associations, c’est le timing et l’ampleur de celle-ci qui les inquiète cette fois. « Nous avons appris l’information le 31 juillet dernier. Derrière la date choisie pour l’expulsion, en plein cœur du mois d’août, il y a clairement de la part des services de l’État une volonté de faire cela en douce, au moment où les accueils de jour pour les personnes sans domicile fixe et les permanences juridiques sont fermés », déplore Thomas Couderette, cofondateur du Collectif d’entraide et d’innovation sociale (Cedis 31).
Contactée, la préfecture de Haute-Garonne confirme que 23 ménages, composés de 78 personnes (42 adultes et 36 enfants), vont effectivement, au terme d’un délai de prévenance, sortir du dispositif hôtelier le 17 août prochain. « Ces ménages sont issus de parcours migratoires majoritairement liés à la demande d’asile, dont ils ont été déboutés. Ils ont perdu leur droit au séjour et se sont vus notifier des obligations de quitter le territoire français (OQTF) », explique l’administration sans donner plus de précisions sur ce qui attend les personnes concernées.
Et c’est bien le souci pour Thomas Couderette : « L’État aurait pu procéder à l’expulsion au moment de la fin de la trêve hivernale qui avait été prolongée jusqu’au 10 juillet suite au confinement, mais il n’a pas assumé. Là, il n’y aura que très peu de monde pour prendre en charge ces familles dans un contexte particulièrement délicat, entre les mesures sanitaires et la canicule. Parmi elles, il y a des situations préoccupantes, des personnes en chimiothérapie, des enfants malades, des gens épuisés qui ne peuvent pas voyager. Sur le plan humain, cela va être très compliqué, on ne sait pas ce qu’ils vont devenir ».
De son côté, la préfecture tient à préciser que les « 23 ménages ont bénéficié d’une prise en charge hôtelière d’une durée de plus d’un an en moyenne (460 jours), alors même que le dispositif est prévu pour mettre à l’abri, à titre transitoire, des personnes en situation d’urgence sociale ». Un argument loin de convaincre le cofondateur du collectif qui y voit, au contraire, le symptôme d’un système qui marche sur la tête.
« La logique de la préfecture est de libérer des places pour accueillir d’autres familles. C’est un cercle vicieux et sans fin. En Haute-Garonne, le dispositif d’hébergement en hôtel a coûté 10 millions d’euros en 2019, sans qu’il n’y ait aucun accompagnement social. C’est une aberration qui dure depuis très longtemps », peste Thomas Couderette. Actuellement, 1847 personnes sont encore prises en charge à l’hôtel à Toulouse.
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