Lundi prochain, les sonneries retentiront à nouveau dans les établissements scolaires. Alors que l’épidémie de Covid-19 menace encore, cette rentrée des classes progressive, et sur la base du volontariat, est un défi sanitaire et pédagogique pour la communauté enseignante. CC clio – Mariana
Dès lundi 11 mai, une première partie des enfants scolarisés en primaire et en maternelle reprendront le chemin de l’école. Les collégiens leur emboîteront le pas la semaine suivante alors que les lycéens sont suspendus à une décision qui interviendra à la fin du mois. Les établissement supérieurs, eux, ne rouvriront pas leur portes avant l’année prochaine. Le 28 avril dernier, lors de la présentation du plan national de sortie du confinement devant l’assemblée nationale, Edouard Philippe, le Premier ministre, a annoncé une reprise des cours progressives. Dans son intervention, il a détaillé les mesures essentielles censées garantir les conditions sanitaires de cette deuxième rentrée de l’année. Groupes réduits, volontariat, port du masque… Cette décision comme ses modalités de mise en œuvre font réagir les représentants des enseignants et des parents d’élèves.
« Ce qui a conditionné la décision, c’est la reprise économique », déplore Bernard Deswarte, cosecrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU) de Haute-Garonne. « Ce plan ne concerne que les plus jeunes, ceux qui ont moins de 15 ans et qui ne peuvent pas se débrouiller seuls à la maison. Le tout au compte goûte et sur la base du volontariat. Cela n’a pas beaucoup de sens, sauf si l’objectif est d’organiser une garderie pour les enfants des travailleurs », confirme Muriel Paletou, présidente de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) du département. Un sentiment qui vient s’ajouter à celui du manque de préparation et de confusion.
« C’est incohérent. D’un côté les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits et, de l’autre, le ministre annonce 15 élèves par classe. Sur le terrain, la plupart des équipements ne sont pas adaptés pour faire respecter les mesures de distanciation sociale à de tels groupes. Le problème est encore plus flagrant dans les couloirs ou les toilettes », détaille Bernard Deswarte. Pour lui, comme pour le représentant des parents d’élèves, il n’est pas question d’accepter des groupes de plus de 10 élèves. Le Conseil départemental de Haute-Garonne ayant même estimé à 9 élèves, la capacité d’accueil des salles de classe.
Par ailleurs, le délégué syndical rappelle la complexité de la nouvelle organisation à mettre en place. « Nous devons tout repenser, de l’accueil au portail à la désinfection des locaux entre chaque groupe. Cela demande beaucoup de moyens et une meilleure préparation. » Un souci de sécurité que l’on retrouve chez les parents d’élèves d’autant plus inquiets depuis l’annonce de possibles cas de complications liées au virus chez les enfants. « C’est un prérequis obligatoire. Pour le moment, le matériel de protection n’est pas présent partout. Les commandes ont été passées mais tout n’a pas été livré », témoigne Muriel Paletou.
Au-delà de la question des dispositions sanitaires, enseignants et parents d’élèves se posent la question de l’utilité de cette reprise. « Il aurait mieux valu attendre deux mois pour préparer correctement la rentrée de septembre », regrette la présidente locale de la FCPE. « Clairement, les objectifs ne sont pas pédagogiques car il est hors de question d’avancer sur les programmes tant que tous les élèves ne sont pas réunis. Cela ne résout pas non plus la question du décrochage scolaire, car les enfants concernés ne reviendront pas non plus », développe Bernard Deswarte. Celui-ci remarque également qu’il ne sera pas possible non plus pour les professeurs d’assurer les heures de cours plus la continuité pédagogique à distance avec les élèves restés chez eux.
« Nous souhaitons reprendre le plus rapidement possible car nous sommes attachés au service public d’éducation. Mais si les préconisations sanitaires du conseil scientifique ne sont pas respectées, nous déposeront un préavis de grève ou nous étudierons la possibilité de faire valoir un droit de retrait. Nous ne pouvons pas jouer avec la santé des enfants et des personnels », avertit Bernard Deswarte.
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