CUVÉE. La semaine dernière, un coup de froid a saisi les vignes occitanes. Selon les terroirs, 20 à 60 % de la récolte seraient menacés. Faute de solutions techniques abordables, les vignerons estiment qu’il faut adapter les assurances au changement climatique.
©Vignoble_Gaillacois_(Poupart)On croyait le printemps arrivé, mais l’hiver a donné un ultime coup de griffe la semaine dernière. Dans la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 avril, le gel est tombé sur les terres et les vignobles en ont pris un coup. De mémoire de vigneron, on n’avait pas connu un tel froid printanier depuis 1991. « À l’époque, on avait perdu 70 % des bourgeons », se souvient Jacques Tranier, directeur général de la coopérative tarnaise Vinovalie. Cette année, les pertes potentielles diffèrent selon les terroirs : de 20 à 30 % à Cahors et Gaillac, de 40 à 60 % dans le Frontonnais. « L’intensité du gel a été plus forte dans la vallée que sur le plateau, c’est catastrophique », constate Maurin Béranger, président du syndicat de défense du vin de Cahors. « Il faut voir maintenant comment la vigne va évoluer. »
Dans les vignobles plus au Nord – en Touraine, en Bourgogne ou dans le Jura – les vignerons ont tenté de sauver leurs bourgeons par tous les moyens. Comme le rapporte le Monde, le 20 avril, des chaufferettes au fuel ou des bougies de paraffine ont été placées tous les dix mètres aux pieds des vignes pour réchauffer les sols. D’autres professionnels ont aspergé leurs plants de gouttelettes d’eau afin qu’une croûte de glace protège les jeunes pousses. Certains ont même utilisé des hélicoptères pour plaquer au sol des masses d’air moins froides. En Occitanie, foin de tout cela. « Le gel est trop rare pour investir dans ces techniques », juge Jacques Tranier. « Ces méthodes coûteuses donnent des résultats trop aléatoires », ajoute Maurin Béranger.
Face au froid, les vignerons occitans font donc le dos rond. « On se remet tout juste de la mauvaise récolte de 2013, lâche, amer, Benjamin Piccoli, directeur du syndicat des vignerons du Fronton. Les bonnes années 2015 et 2016 nous permettent de temporiser sous réserve qu’il n’y ait pas d’autres accidents, comme de la grêle en août. » Pour compenser les pertes, les vignerons pensent aussi à monter en gamme. « Nous allons arrêter de produire des vins de premiers prix », annonce Jacques Tranier. La répétition des aléas climatiques soulève enfin la question des assurances et des franchises trop élevées. « Il faut tout perdre pour recevoir quelque chose », regrette Maurin Béranger. « Les assureurs sont frileux, mais ils devraient adapter leurs produits au changement climatique » renchérit Benjamin Piccoli.
La rédaction
Le Journal toulousain est un média de solutions hebdomadaire régional, édité par la Scop News Medias 3.1 qui, à travers un dossier, développe les actualités et initiatives dans la région toulousaine. Il est le premier hebdomadaire à s'être lancé dans le journalisme de solutions en mars 2017.
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