Dominique Pon, directeur de la clinique Pasteur de Toulouse, lance le projet Eternesia, un site internet sur lequel chacun pourrait déposer ses mémoires, pour la postérité.
Parallèlement à son activité à la tête de la clinique pasteur de Toulouse, Dominique Pon porte un projet pour le moins ambitieux. Il veut créer un site Internet sur lequel chacun pourrait déposer ses mémoires, pour la postérité. « La valeur d’une vie est inestimable. Chacune est une succession d’expériences, d’émotions et de rencontres. Chacune est unique et devrait être inscrite au patrimoine de l’Humanité, comme le sont les œuvres d’art ». Baptisée Eternesia, cette plateforme ouverte à tous pourrait recueillir une infinité de contenus, sous forme de textes, d’images, de sons ou de vidéos. Un comité de sages garantirait l’éthique du processus, sous l’égide d’une organisation internationale comme l’ONU, ou d’un consortium de pays.
Cette idée lui vient de loin. « Mon grand-père était résistant. Mais, à l’école, je n’entendais parler que de Jean Moulin. Je me demandais pourquoi on allait se souvenir de ce personnage-là et pas de mon aïeul. À son échelle, lui aussi était un héros. Qui fait le tri ? Qui décide de la postérité des uns et de l’oubli des autres ? », s’interroge Dominique Pon. Or, il est désormais technologiquement possible de conserver « jusqu’à la fin des temps » toutes les traces de vie que nous laissons. « Nous devons saisir cette chance pour créer un service public mondial de la mémoire humaine ».
Il n’est pas question, en effet, pour l’initiateur d’Eternesia, de laisser son projet aux mains des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). « Notre patrimoine mémoriel ne doit pas être privatisé », dit-il. « En Europe, et en particulier en France, c’est l’imprimerie qui a servi à diffuser la notion d’humanisme. Je ne retrouve pas cela avec Internet aujourd’hui. Nous devons nous ressaisir et replacer l’humain au cœur de la toile », revendique Dominique Pon. Il estime que seuls des mécènes ou des fondations pourraient rendre son rêve financièrement réalisable. « Ce projet n’a pas de business model, ce n’est pas une start-up ». Avec un budget de 100 000 euros, une première plateforme de démonstration pourrait voir le jour…
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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