Après avoir passé 10 jours enfermée dans la zone d’attente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, une famille afghane avec trois enfants retrouve la liberté.
Une famille afghane libérée après 10 jours de détention dans l’aéroport de Toulouse – Blagnac © DRLe verdict est tombé ce mardi 18 août à midi. La famille afghane qui était retenue depuis 10 jours dans la zone d’attente de l’aéroport de Toulouse-Blagnac a été libérée par une décision du tribunal administratif de Toulouse. Cette famille composée d’un couple avec ses trois enfants de 4, 10 et 14 ans, était arrivée d’Athènes par avion, le 8 août dernier, avec l’intention de déposer une demande d’asile en France. « Ils avaient déjà fait une telle démarche en Grèce. Mais en raison du très grand nombre de réfugiés qui affluent là-bas, cette procédure est très longue. Après trois ans d’attente, ils étaient toujours sans nouvelles de leur dossier », explique Alain Cwiklinski, bénévole du Cercle des voisins, une association qui lutte contre la rétention de personnes réfugiées.
Mais à peine arrivées sur le tarmac, n’ayant pas de papiers en règle, les cinq personnes ont été placées dans la zone d’attente de l’aéroport. Un lieu de détention établi au sein même de l’infrastructure et placé sous la juridiction de la police des frontières. « C’est une fiction juridique. Ces zones ne sont pas considérées comme faisant partie du territoire français, mais comme des frontières. Le droit qui s’y applique n’est pas le même que dans le reste du pays », précise Charlène Quartero Saez, coordinatrice pour l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé).
Le tribunal administratif devait se prononcer, ce mardi 18 août, sur la possibilité pour cette famille réfugiée de formuler une nouvelle demande d’asile auprès de l’État français. En cas de refus, celle-ci se serait vue obligée de quitter le territoire. « Au regard des conditions de vie qu’ils ont connu dans les camps de réfugiés en Grèce, le juge a décidé de leur accorder un sauf-conduit », se félicite Alain Cwiklinski. La famille est donc sortie libre du tribunal et sera, dès lors, prise en charge par un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) et bénéficiera d’un accompagnement et d’un hébergement tant que durera l’instruction de leur dossier.
Cette décision met donc fin au calvaire enduré par cette famille, enfermée pendant près de 10 jours dans un espace sans fenêtre ni accès à l’air libre et constamment sous surveillance policière. Des conditions de détention qu’Alain Cwiklinski juge inadmissibles sur le fond comme sur la forme. « Nous parlons d’une famille avec des enfants, dont certains sont très jeunes. De plus, il ne faut pas oublier que les réfugiés sans-papiers ne sont ni des délinquants ni des criminels. Ce sont de simples contrevenants et les priver de liberté est contraire aux droits fondamentaux », précise-t-il.
En 2018, à Toulouse, ce sont 485 personnes qui se sont vues notifier une interdiction de rentrer sur le territoire par le service des douanes. 115 d’entre elles ont été retenues dans la zone d’attente, pour une durée moyenne de 60 heures. « Aujourd’hui, il y reste encore un mineur isolé de 17 ans, qui est arrivé le 15 août à Toulouse ». Le jeune homme, originaire de Turquie, doit se présenter ce mercredi 19 août devant le Juge des libertés et de la détention. « La détention de mineurs isolés est interdite sur le territoire français. Mais cela est rendu possible par le statut de cette zone, considérée comme une frontière », déplore Charlène Quartero Saez.
Ainsi, en France, sur les 16 081 personnes arrêtées au sein des aéroports, 9 855 ont été retenues dans une zone d’attente et 12 072 ont finalement été renvoyés dans leur pays d’origine.
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