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GAGNANT-GAGNANT.La finance solidaire a le vent en poupe. Pourtant, ces différents mécanismes restent parfois obscurs et il est difficile de savoir où va son bas de laine. Sophie des Mazerys, directrice de l’association Finansol depuis 2010, assure qu’un placement solidaire n’est pas plus risqué qu’un autre.
«Les épargnants ne sont pas des donateurs»,lâche Sophie des Mazerys, directrice de l’association Finansol. Ceux qui souhaitent placer leur argent dans les finances solidaires cherchent, certes, à donner du sens à leur argent en soutenant, par exemple, des projets valorisant le développement durable, l’agriculture bio ou la construction de logements décents pour tous, mais ils veulent aussi en gagner.
« Ce type de produit, c’est un placement classique sur lequel on vient greffer une dimension solidaire », explique-t-elle. « Ainsi, comme tous les autres fonds, il peut être rentable comme faire perdre de l’argent. » Selon Sophie des Mazerys, «chaque établissement financier peut également employer les termes de “finance responsable”» et aucune garantie n’est donnée aux clients sur la manière dont est utilisé leur placement. De quoi freiner les potentiels volontaires.
« Pour pouvoir mobiliser les nombreux épargnants français, il faut donc leur apporter une preuve de fiabilité. » Depuis 20 ans, Finansol a ainsi établi, selon ses propres critères, un label qui vient récompenser les propositions de placements que l’association juge solidaires : « Il est attribué par un comité d’experts indépendants issus de la société civile ». « Ce dispositif assure que l’épargne contribue vraiment au financement d’activités génératrices d’utilité sociale ou environnementale »dans un contexte où il est très difficile pour les particuliers de savoir comment est réellement utilisé leur argent. Dans la région, des entreprises comme Ethiquable ou Citiz Toulouse ont par exemple été financées par des fonds labellisés par Finansol.
L’organisme exige notamment de la transparence, scrute les frais de gestion et la méthode de sélection des associations bénéficiaires de l’épargne solidaire. Face à l’augmentation du nombre de candidatures, l’association a identifié des critères «de plus en plus exigeants». En 2005, 45 placements solidaires étaient labellisés. En 2016, ils étaient 146. En gage de sérieux, Sophie des Mazerys ajoute que «chaque année, des produits sont retirés de la liste et d’autres recalés».
Pour Sophie des Mazerys, la crise financière additionnée à « l’augmentation du nombre de personnes qui veulent prendre en main la gestion de leur argent »a créé un terrain propice au succès de ce type de placement. Mais le principal coup d’accélérateur a été donné en 2010. Depuis cette date, la législation obligeles entreprises de plus de 50 salariés à proposer une épargne salariale solidaire à leurs employés. « Aujourd’hui, 10 à 12 millions de Français peuvent potentiellement bénéficier de ce dispositif. » Ainsi, la présidente de Finansol se réjouit que les pouvoirs publics appuient l’épargne solidaire à travers des mesures incitatives. Grâce à ces différentes méthodes, l’association comptait plus d’un million d’épargnants solidaires en 2016.
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