Née à Toulouse il y a 260 ans, la banque Courtois pourrait faire les frais du plan de restructuration annoncé par sa maison mère, la Société Générale.
Les réseaux de la Société Générale et de sa filiale Crédit du Nord devraient fusionner d’ici 2023. Tel est le projet présenté, ce lundi 7 décembre, par le géant bancaire qui espère ainsi « rationaliser son activité et augmenter sa rentabilité ». Un plan de restructuration qui prévoit la suppression de 600 agences en France. Et dont la banque Courtois, qui fait partie du groupe Crédit du Nord, fera les frais, selon Michèle Bleuse, déléguée syndicale CFDT : « Ce que nous craignions depuis des mois est désormais officiel : la Société Générale va tuer la banque Courtois. En tant qu’entité juridique, elle n’existera plus. » Fondée à Toulouse en 1760, il s’agit du plus ancien établissement bancaire en activité dans le pays.
La syndicaliste ne se fait guère d’illusions sur le maintien de ses 74 agences implantées sur 13 départements en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. « À quelques exceptions près, elles sont toutes situées à proximité d’agences de la Société Générale. Des sites vont disparaître, les salariés seront regroupés et des postes supprimés », précise-t-elle. Sur ce point, il ne devrait y avoir « aucun départ contraint », a assuré, ce lundi la direction du groupe, qui estime que les départs à la retraite, durant les prochaines années, lui éviteront de devoir procéder à des licenciements. Ce dont doute Michèle Bleuse : « C’est une déclaration d’intention qui ne nous suffit pas. Dans certaines entreprises, on sait parfaitement provoquer des vrais-faux départs non-contraints : il suffit de refuser une mutation pour perdre son emploi. » Les 600 salariés de la Banque Courtois n’en savent pas plus sur le sort qui leur est réservé. « On ne nous a donné aucun chiffre sur le volet social », regrette la représentante CFDT.
Au-delà du coût humain, cette dernière estime que l’opération à venir est « un mauvais choix ». Notamment parce qu’elle pourrait faire fuir les clients : « Ils ont choisi la banque Courtois pour ses services améliorés et plus chers que la concurrence. Comment voulez-vous qu’ils acceptent de payer demain au prix fort des services de base ? » interroge Michèle Bleuse. Elle redoute également la lourdeur du processus, « le transfert des salariés, mais aussi des dépôts, des emprunts et des contrats des clients, qui sont très complexes ». Et dénonce un entre soi chez les dirigeants de la Société Générale : « Il prennent ces décisions seuls, alors que la banque bénéficie de la garantie de l’État, qui devrait donc avoir son mot à dire. » Une réunion extraordinaire du Comité social et économique du groupe est fixée au 18 décembre prochain pour consulter les salariés.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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