Diversification. Près d’un tiers du gaspillage alimentaire a lieu lors de la récolte même des produits. Les arboriculteurs et les maraîchers, premiers concernés, détruisent nombre de leurs fruits et légumes invendus. Mais certains, comme Cyril Rous, ont décidé de ne plus participer à ce gâchis.
© DR32 % de la production agricole est jetée en France chaque année. En cause, plusieurs facteurs : d’abord la météo et les parasites sur lesquels il est difficile d’agir, ensuite la mécanisation des récoltes qui endommage les fruits et légumes lors du ramassage, mais surtout des raisons économiques et commerciales.
Selon une étude publiée en 2013 par France Nature Environnement, le cours de marché trop bas ne permettrait pas aux agriculteurs de couvrir le coût de leur récolte. Ces derniers avouent ainsi laisser une partie de leurs productions dans les champs, sur pieds. Mais la plupart du temps, les légumes non vendus sont jetés avant même de sortir de l’exploitation. C’est ce qui les attend lorsque la production est plus importante que la demande ou qu’ils ne correspondent pas aux normes de calibrage standard imposées par la distribution.
Cyril Rous, maraîcher bio dans le Tarn-et-Garonne, qui partage ce constat, a choisi d’agir pour limiter le gaspillage inhérent à la société de consommation. Après avoir jeté le tiers de sa récolte l’été dernier, il dit « stop ». « En juillet, nous avons détruit 10 tonnes de courgettes », calcule-t-il amèrement. Producteur, entre autres, de courgettes jaunes, il s’est vu refuser sa marchandise par son grossiste, « au motif que les légumes ne répondaient pas à leur cahier des charges qui impose des courgettes entre 14 et 21 centimètres, rectilignes et uniformes. »
Et malgré les ventes qu’il enregistre en faisant les marchés de Toulouse et Montauban, et les dons faits à la Croix Rouge, les courgettes invendues s’entassaient encore dans son entrepôt. Excédé par tant de légumes destinés à la benne à ordures, il les photographie, les publie sur sa page Facebook et invite les internautes à s’approvisionner directement à l’exploitation. Après 2 millions de vues sur Internet, Cyril Rous a pu écouler une partie de ses courgettes. Ce sont d’ailleurs les préconisations de France Nature Environnement : « Il est possible de limiter le gaspillage alimentaire à la source en développant des circuits de distribution secondaires pour les produits non calibrés. » Le maraîcher réalise désormais la moitié de son chiffre d’affaires grâce à la vente directe. « Nous pensons même ne plus passer par un grossiste du tout ! » précise-t-il.
Et sa réflexion ne s’arrête pas là. « Nous allons utiliser les légumes abîmés pour en faire des soupes, de la purée ou encore de la ratatouille », explique Cyril Roux. Pour cela, il vient de lancer une campagne de financement participatif, pour créer sa propre unité de transformation.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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