J-30. Alors que l’élection présidentielle approche à grands pas, le JT va à la rencontre de ceux qui abordent la politique autrement. Cette année, environ 2,25 millions de jeunes détenteurs d’une carte électorale ont la possibilité de prendre le chemin des urnes pour la première fois.
«Je vais recevoir ma première carte électorale d’ici à fin mars mais je n’irai sans doute pas voter pour l’élection présidentielle», lâche Gabrielle, 18 ans. Comme cette Toulousaine, 45% des primo-votants de 18-25 ans se déclarent « peu ou pas du tout » intéressés par cette campagne (selon un sondage IFOP). De même, l’indice de participation, qui mesure la probabilité d’aller voter à l’élection, est de 50% pour ceux qui ne se sont encore jamais rendus aux urnes.
Pourquoi cette possible abstention ? «Parce que je ne suis pas en mesure de juger pour qui voter, même quand j’en entends parler autour de moi, je ne comprends pas trop la campagne», explique Gabrielle.
Benjamin, lui, atteindra la majorité juste avant le scrutin et s’inscrit dans l’autre tendance des primo-votants, celle qui compte bien user de son droit. S’il a suivi le “Grand débat” sur TF1 avec ses parents et qu’il lit régulièrement des articles politiques, il n’a pas encore fait son choix. «Les programmes sont un peu obscurs, je ne suis pas assez renseigné», explique-t-il.
Qu’ils soient motivés comme Benjamin ou incertains comme Gabrielle, les deux premiers scrutins de leur vie de jeune citoyen sont déterminants. D’après Mickael Bruter, politologue, si un jeune venant d’obtenir sa carte électorale ne passe pas directement aux urnes, il a de fortes chances de devenir un abstentionniste chronique. «Il s’agit de “générations perdues”», estime-t-il dans un rapport d’enquête.
Alors, comment s’assurer qu’ils prennent le chemin des isoloirs ? « Les élus doivent faire de la pédagogie, expliquer concrètement leur programme et décrypter ce qui n’est pas forcément accessible à tous », analyse Simon Berger, responsable du comité des jeunes de l’Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes (Anacej). D’après lui, « les 18-25 ans ne veulent pas lire un programme de 50 pages », les candidats doivent donc utiliser les moyens de communication privilégiés par cette tranche d’âge. L’Éducation nationale aurait aussi son rôle à jouer. «À l’école, nous n’apprenons pas à débattre, à comprendre les missions des élus ou à quoi servent les impôts», poursuit Simon Berger.
Pour tenter d’y remédier, le représentant de l’Anacej, invite notamment les jeunes à se rendre à l’évènement “Voxe tour” organisé à Toulouse le 8 avril. Une rencontre pour parler de citoyenneté et récolter les propositions des 18-35 ans pour le futur quinquennat.
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