Au plus fort de la crise ou dans la reconstruction après le confinement, Georges Méric, le président du Conseil départemental de la Haute-Garonne défend un projet de « société plus solidaire ». Outre la mise en place d’un plan d’urgence de plusieurs millions d’euros, celui-ci réitère sa volonté d’expérimenter le revenu de base. Georges Méric, le président du Conseil départemental de la Haute-Garonne © Coralie Bombail / JT
« Il va falloir choisir entre l’humain et les dividendes », lance Georges Méric, le président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, à l’heure d’évoquer la reconstruction après la double crise, sanitaire et économique, qui secoue le pays. Pour lui, la « période difficile » que nous traversons confirme la nécessité de défendre une société de solidarité. D’abord en protégeant les plus fragiles et en soutenant l’économie le temps du confinement, mais également en redéfinissant nos choix politiques et nos priorités. Ce jeudi 16 avril, celui-ci a donc dévoilé les mesures essentielles du plan d’urgence sociale du Département et brossé les grandes lignes de la « société d’après ».
Dans un premier temps, Georges Méric a tenu à assurer que les équipes du Conseil départemental étaient pleinement mobilisées pour garantir la continuité du service public. Que ce soit pour maintenir le versement des prestations sociales, assurer la prise en charge des personnes les plus fragiles sur le terrain ou entretenir le réseau routier local. Au regard du caractère exceptionnel de la situation, la collectivité a également mis en œuvre un plan d’urgence à destination des personnes défavorisées, du secteur associatif ainsi que des acteurs économiques.
Un budget de 2 millions d’euros a ainsi été débloqué pour offrir des bons de solidarité aux familles qui bénéficient de mesures de gratuité pour leurs enfants au collège. Cette aide, comprise entre 30 et 60 euros mensuels par enfant concerné, permettra aux parents d’acheter des denrées alimentaires ou des produits d’hygiène. Certaines personnes isolées, comme les étudiants, recevront également 150 euros par mois, le temps que durera la crise. De même, un revenu exceptionnel de solidarité d’un montant de 500 euros devrait être voté, cet après-midi, au profit des conjoints non-salariés d’agriculteurs, d’artisans ou de petits entrepreneurs.
Pour soutenir les acteurs économiques du territoire, le Conseil départemental a prévu de mobiliser 27,6 millions d’euros. De même, près de 3 millions d’euros seront investis pour venir en aide aux petits commerçants, artisans et agriculteurs en difficulté. Une cellule d’écoute a d’ailleurs été mise en place à destination de ces derniers. Enfin, 2 millions d’euros seront alloués au soutien du secteur associatif, pour qui Georges Méric a garanti le maintien des subventions courantes. Celui-ci c’est également engagé à ce que le Département règle l’intégralité des devis actés avec les organisateurs des 35 événements culturels annulés. Des investissements qui, selon lui, ne mettront pas en péril les budgets 2020 et 2021.
Sur le plan sanitaire, le Conseil départemental a d’ores et déjà commandé un million de masques de protection. Pour préparer l’après confinement, Georges Méric envisage de mobiliser le laboratoire de la collectivité. « Cette structure a le matériel et les moyens de pratiquer des dépistages. Il faut pour cela que l’État nous y autorise et que nous puissions nous fournir en réactifs », précise-t-il. Mais pour le président du Département, la sortie de crise n’est pas qu’une question sanitaire.
En effet, Georges Méric se projette déjà dans la reconstruction. « Cette crise nous invite à penser les nouveaux systèmes de solidarité. Nous ne pouvons pas être dans la continuité du néo-libéralisme débridé qui refuse le partage par principe. Au contraire, si c’est ce que nous voulons, il va falloir donner plus », défend-il. Dénonçant « les théories fallacieuses du ruissellement et du premier de cordée », celui-ci réaffirme sa volonté d’expérimenter un revenu de base. Une initiative qui avait déjà été refusée par le gouvernement en janvier 2019. « Un tel dispositif aurait évité le chapelet d’aides que nous sommes obligés de mettre en œuvre. De plus, cela permet de combler les trous dans la raquette du RSA. Trop de personnes, comme les jeunes entre 18 et 25 ans, les auto-entrepreneurs ou les agriculteurs en difficulté n’y ont pas droit », justifie-t-il. Ce revenu, plafonné autour de 1 000 euros, pourrait être modulé en fonction des revenus de chaque foyer.
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