Après trois semaines de confinement, Atmo Occitanie, l’association locale de surveillance de la qualité de l’air, a livré son dernier bilan hebdomadaire des conséquences de cette situation inédite sur la pollution atmosphérique dans la région.
Bilan de la qualité de l’air à Toulouse © Atmo OccitanieLe confinement aura eu pour vertu de nous permettre de respirer provisoirement un air un peu plus pur. En effet, dès les premiers jours de sa mise en place, Atmo Occitanie, l’association chargée de la surveillance de la qualité de l’air à Toulouse, constatait une baisse spectaculaire de la présence de certains polluants dans notre atmosphère. En premier lieu, le dioxyde d’azote dont certaines mesures montrent des concentrations jusqu’à 71% inférieures aux valeurs habituellement mesurées. « Ce sont des composés chimiques émis à près de 80 % par le trafic routier », explique Dominique Tilak, directrice générale de l’association.
Pour la troisième semaine consécutive, le confinement a donc fait chuter significativement les taux de dioxyde d’azote sur toute la région. « À proximité des axes de circulation, les valeurs mesurées quotidiennement sont désormais inférieures à la pollution urbaine en situation normale », remarque Dominique Tilak. Si la situation s’est rapidement stabilisée à un niveau exceptionnellement bas, les capteurs de l’association ont toutefois relevé une légère augmentation entre les semaines un et deux du confinement. « Cette variation est due au coup de froid qui s’est abattu sur la région et à l’augmentation de l’utilisation des dispositifs de chauffage. En temps normal, nous ne pouvons pas observer ces fluctuations minimes car elles sont masquées par le trafic automobile », spécifie la directrice générale de l’association.
Autre objet d’attention de l’association : les particules fines qui, elles, ne baissent pas. Essentiellement émises par le chauffage domestique et l’activité agricole, celles-ci se retrouvent en suspension dans l’air et représentent un facteur de risque sanitaire avéré (maladies cardio-vasculaires, altération des fonctions pulmonaires et cancers du poumon). La semaine dernière, leur concentration était même en augmentation. La faute aux conditions météorologiques plus qu’à un changement des habitudes ou de l’activité humaine. « Nous avons surtout constaté une hausse des particules dites secondaires. Celles-ci sont le fruit d’une réaction chimique avec des polluants d’origine agricole, comme les fertilisants. Ce phénomène est amplifié, car la France était dernièrement dominée par une masse d’air chargée par une pollution qui n’est pas nécessairement d’origine locale. Mais, globalement, nous n’observons pas d’évolution significative par rapport des autres années à la même période », détaille-t-elle.
« La chimie de l’ozone est une chimie complexe. C’est aussi un polluant dit secondaire qui se forme sous certaines conditions de température et en fonction des molécules présentes dans l’atmosphère. Celles-ci peuvent être produites par l’activité humaine, mais d’autres sont d’origine naturelle », souligne Dominique Tilak. L’influence des conditions météorologiques et des polluants précurseurs est donc trop importante, au regard de la durée de la période de confinement, pour mettre en évidence un impact éventuel. Les spécialistes restent également très prudents quand aux éventuelles conséquences de son prolongement.
« Le phénomène que nous observons est exceptionnel. Nous n’avons jamais été confrontés à un niveau d’activité aussi bas sur un territoire aussi important. Nous ne pouvons donc pas préjuger de son évolution ou des répercussions à long terme », rappelle la directrice générale d’Atmo occitanie. De même, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur l’évolution des émissions de gaz à effets de serre. « C’est dans quelques mois, quand nous aurons collecté d’autres données liées à la consommation globale d’énergie, notamment les émissions de CO2, que nous pourrons faire des simulations plus complètes », précise Dominique Tilak.
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