Legato. Le Choeur Kokeliko est une chorale, mise en place par l’association La main tendue, ouverte aux personnes sans domicile fixe. Une manière de retrouver un contact humain et de la confiance en soi sur des airs de Brassens, Aznavour, Piaf ou du gospel.
Si l’on entend peu leurs voix quand il est question de leurs maux, qu’on l’entende au moins quand ils chantent ! Le Chœur Kokeliko est une chorale destinée, entre autres, aux personnes sans domicile et en situation de grande précarité. Cet ensemble d’une vingtaine de choristes, qui reprend le répertoire de la chanson française et des airs de gospel, se produit à de nombreuses occasions.
Son programme, bien chargé, privilégie les événements solidaires comme les repas de quartiers, les distributions de nourriture ou les obsèques des victimes de la rue. « Un engagement qui tient particulièrement à cœur aux participants », souligne Florence Bonicel, conseillère retraite à la sécurité sociale et cheffe de chœur depuis 15 ans.
Ce projet, né en 2016, est le fruit d’une rencontre avec Christian Soulié, le président de La main tendue. « Il souhaitait offrir une parenthèse culturelle aux bénéficiaires de son association. De mon côté, je voulais travailler le chant avec un public qui souffre de l’isolement. C’est tout naturellement que nous nous sommes lancés dans cette aventure qui est également soutenue par le Secours Catholique. Les six premiers mois, nous n’étions que dix. Nous avons dû faire un gros travail pour informer et encourager les sans-abris à participer à cette initiative », rappelle Florence Bonicel.
Aujourd’hui, le chœur compte 25 chanteurs dont la moitié sont des bénévoles et sympathisants du projet et l’autre moitié des personnes en situation de fragilité. « La dimension inclusive est fondamentale. Nous tenions à cette mixité pour casser l’étiquette “gens de la rue” », ajoute-t-elle.
« Quand je suis tombé sur l’affiche, lors d’une distribution de repas, j’ai d’abord hésité un peu. Dans la rue, c’est parfois difficile d’aller vers les autres. Mais en arrivant, j’ai eu la surprise de retrouver des connaissances qui m’ont sauté dans les bras. Pour moi, c’est une grande porte qui s’est ouverte. C’est un immense bonheur, nous mangeons ensemble et nous partageons des moments comme une véritable famille. La clé de sol s’est transformée en clé de sortie ! » témoigne Philou, qui vit « la galère » depuis plus de 20 ans. Pour lui, qui pratiquait déjà la batterie à l’âge de 4 ans, la musique et ses vertus sont « une bonne thérapie ».
« Le chant est un vecteur exceptionnel de bien-être émotionnel. Il permet de s’exprimer au-delà des mots », confirme Florence Bonicel. Malgré les difficultés d’organisation liées aux conditions de vie de participants, la chorale offre un espace de socialisation privilégié. « Le fait de faire de nombreuses représentations est très valorisant. C’est un outil intéressant pour reprendre confiance en soi. Ici, les étiquettes tombent. Quand la musique démarre, tout le monde est au même niveau. Certaines chansons du répertoire ravivent de vieux souvenirs. Cela ranime de petites vies intérieures. »
Prochain rendez-vous du Choeur Kokeliko
Samedi 31 août à 14h au 56 rue Périole (Délégation Secours Catholique)
Nicolas Belaubre
Nicolas Belaubre a fait ses premiers pas de journaliste comme critique de spectacle vivant avant d’écrire, pendant huit ans, dans la rubrique culture du magazine institutionnel ‘’à Toulouse’’. En 2016, il fait le choix de quitter la communication pour se tourner vers la presse. Après avoir été pigiste pour divers titres, il intègre l’équipe du Journal Toulousain, alors hebdomadaire de solution.
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