Les affiches placardées sur le réseau Tisseo ne passent pas inaperçues. Mais pour lutter contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports, deux semaines de campagne ne suffiront pas. Les associations veulent aller plus loin. Entretien avec Philippe Lebailly, porte-parole de la Ligue des droits de l’Homme.
TisséoTisséo a pris conscience de l’ampleur du phénomène et le rend visible. Si vous restez une heure dans le métro, vous recueillerez des dizaines de témoignages. Plus de huit femmes sur dix sont victimes de harcèlement sexiste et seules 2% portent plainte. Elles considèrent que des regards insistants, des sifflements ou des remarques vestimentaires ne sont pas des actes condamnables. Cette campagne les informe et prévient les auteurs. C’est une première étape.
D’abord, il faut mieux prendre en compte la spécificité des déplacements des femmes, qui représentent les deux tiers des usagers des transports en commun. Elles sont nombreuses par exemple le matin sur certaines lignes à amener leurs enfants à l’école. Sans les sanctuariser, on doit apporter une attention particulière à ces trajets. Nous proposons également de lancer un site Internet pour recueillir leurs témoignages.
Elles sont les mieux à même de définir leurs besoins. Au Québec, depuis 20 ans, des groupes de femmes font des marches exploratoires dans le réseau de bus et de métro, pour partager ensuite leur constat et proposer des solutions. Ainsi ont été mis en place des arrêts supplémentaires la nuit pour réduire la distance qui les sépare de chez elles.
Si l’on fait de la répression sans s’attaquer aux stéréotypes de genre, c’est en effet un combat sans fin. Il faut effacer l’image de la femme objet dans l’inconscient collectif. Cela doit commencer dès l’école en sensibilisant les élèves. Cela passe aussi par l’interdiction des publicités sexistes. La Ligue des droits de l’Homme propose de mettre en place une charte avec les publicitaires. Il faut enfin avancer sur la parité, faire en sorte que les femmes soient davantage présentes au sein des instances dirigeantes des entreprises… À commencer par Tisséo !
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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