L’Autorité de sûreté nucléaire pointe, dans son dernier bilan, un manque de rigueur dans l’application des procédures à la centrale de Golfech.
Il y a du mieux mais c’est encore insuffisant. Telle est en substance l’appréciation que porte l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur la Centrale de Golfech. L’organisme indépendant vient en effet de publier le bilan de son activité de contrôle du nucléaire pour l’année 2020. Et une nouvelle fois, le “bulletin” concernant Golfech n’est pas très flatteur.
Au total, la division de l’ASN de Bordeaux, qui assure ses missions dans toute la Nouvelle Aquitaine et sur huit départements de l’Occitanie, a effectué 64 inspections en 2020 dans les trois centrales nucléaires de son territoire : Blayais, Civaux et Golfech. Pour cette dernière, l’ASN fait état dans son bilan 2020 de deux événements significatifs pour la sûreté de niveau 1 (sur 7) déclarés par l’exploitant. Des incidents, sans conséquences sur les installations, les personnes et l’environnement. Mais qui font dire à l’ASN que, malgré des améliorations, “les performances de la centrale nucléaire de Golfech en matière de sûreté et de radioprotection “sont en retrait par rapport à l’appréciation générale“.
En cause, le non-respect de certaines procédures et des pratiques de fiabilisation pas suffisamment appliquées. “Des erreurs similaires sont observées dans toutes les centrales, mais l’accumulation constatée à Golfech fait qu’il a été nécessaire d’y mettre en place un plan d’action. Un travail qui est d’ores et déjà engagé. Mais la rigueur n’est pas encore au niveau attendu”, explique Simon Garnier, chef de la division de Bordeaux de l’ASN.
Pour illustrer ses propos, celui-ci, prend l’exemple du dernier événement significatif en date, le seul à ce jour en 2021. Un problème de non-respect des règles générales d’exploitation du réacteur 2 portant sur la remise en service d’une voie du circuit de refroidissement du réacteur à l’arrêt sur la base de données erronées, à la suite d’une erreur de lignage du boremètre. “Ce type d’incident aurait tout à fait pu être évité avec une application plus rigoureuse des procédures et une meilleure préparation”, poursuit Simon Garnier. Fait rare, un autre incident marquant, survenu en 2019 lors d’opérations de vidange du circuit primaire, avait même été classé au niveau 2.
En outre, cette appréciation mitigée de l’ASN sur la centrale nucléaire de Golfech coïncide avec un jugement rendu ce mardi 29 juin par la cour de cassation rouvrant la voie à une condamnation d’EDF, l’exploitant, pour un événement datant de 2016. Le 19 octobre de cette année, plusieurs dysfonctionnements avaient ainsi engendré pendant quelques minutes un important rejet radioactif gazeux dans l’environnement.
Dans son bilan 2020, l’Autorité de sûreté évoque aussi l’avenir des centrales nucléaires. Alors que certains réacteurs en France ont atteint les 40 ans d’âge, l’organisme indique que ses réexamens périodiques ont ouvert la voie à une poursuite de fonctionnement pour les 10 ans à venir. “Les centrales nucléaires n’ont pas de durée de vie prédéfinie. Le cap des 40 ans correspond à l’usure prévue de certains matériaux utilisés pour les construire. Tous les dix ans, nous réalisons un examen de conformité pour décider si un réacteur peut encore poursuivre son activité”, renseigne Simon Garnier. Pour le cas de Golfech, dont le premier réacteur aura bientôt trente ans, la visite décennale aura lieu en 2022.
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