Appel. Plus d’un an après le décès du jeune botaniste sur le site de Sivens, ses parents et sa sœur viennent de lancer une collecte de dons. Des soutiens financiers qui permettront de couvrir les frais d’une procédure encore longue.
Les proches Rémi Fraisse poursuivent leur combat pour connaître les circonstances du décès du jeune militant écologiste, tué en octobre 2014 lors d’affrontements avec les forces de l’ordre sur le site du projet controversé de barrage de Sivens, dans le Tarn. «L’instruction risque d’être encore longue, souligne maître Claire Dujardin, l’un des trois avocats de la famille. Il y aura encore de nombreux actes et nous avons nous-même la possibilité de formuler d’autres demandes. Il faut continuer les recherches.»
Autant de procédures qui impliquent des frais importants. Afin de couvrir ces besoins, un appel aux dons vient ainsi d’être lancé sur la plateforme Lepotcommun.fr. «Nous faisons aujourd’hui appel à votre soutien. Ceci afin de donner ses chances à cette quête de vérité qui est la nôtre et qui doit permettre d’éviter que de tels drames se reproduisent», écrivent les parents et la sœur du jeune botaniste. Ce n’est pas la première fois que la famille de Rémi Fraisse tente de mobiliser l’opinion publique. Le 22 octobre dernier, près d’un an jour pour jour après la tragédie, c’est un appel à témoins qui avait été lancé dans le quotidien Le Monde. «Ces démarches recueillent un écho favorable et des soutiens auprès des personnes qui se sont intéressées au dossier Sivens», note maître Dujardin.
«Nous accordons beaucoup de crédibilité à l’enquête citoyenne de la LDH »
Parmi les «demandes importantes» que souhaite formuler l’avocate, figure notamment une celle d’une reconstitution. «Pour l’heure, il n’y en a pas eu, rappelle-t-elle. Et le gendarme (qui a lancé la grenade offensive ayant provoqué la mort de Rémi Fraisse, NDLR) n’a toujours pas été mis en examen». Aucune charge n’a pour l’instant été retenue contre ce gradé qui avait été brièvement placé en garde à vue en janvier 2015, et qui doit être à nouveau entendu par le juge d’instruction. Un rapport de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale le disculperait aussi, indiquant qu’aucune « faute professionnelle » n’a été commise.
Ce même document revient par ailleurs sur l’ensemble des événements qui ont agité pendant un an le site de Sivens. Il fait notamment état «d’affrontements d’une rare violence». Pour «apporter des éléments de contradiction», maître Dujardin souhaite que soit versée au dossier l’enquête citoyenne réalisée par la Ligue des droits de l’Homme, basée sur une trentaine d’auditions et revenant à la fois sur l’historique de projet de barrage et sur les nombreux heurts intervenus. «Nous accordons beaucoup de crédibilité à ce rapport, voire une valeur juridique», indique l’avocate. Autre avis attendu dans cette affaire : celui du Défenseur des droits, également saisi par la famille. Autant d’éléments qui viennent confirmer la complexité de l’instruction. Et qui rappellent le chemin encore à parcourir avant que le juge ne se prononce sur la tenue ou non d’un procès. Dans son appel à témoins d’octobre dernier, la famille de Rémi Fraisse insistait déjà sur le fait qu’un non-lieu «serait terrible».
Commentaires