Après avoir laissé entendre qu’elle refuserait désormais de répondre aux journalistes de Médiacités, la responsable des relations avec la presse de la mairie de Toulouse précise aujourd’hui sa pensée. Il n’est, en fait, pas question pour la collectivité de claquer la porte au journal d’investigation.
L’affaire fait du bruit dans le microcosme journalistique. Médiacités a publié, ce lundi 22 novembre, un article annonçant que la mairie de Toulouse ne répondra plus à ses questions. Le site d’investigation dévoilant un courriel reçu de Julie Cassan, la responsable des relations avec la presse de la collectivité. On peut y lire : « (…) Nous vous laisserons le soin de mener vos “investigations” seuls et ne répondrons pas à vos questions. » Julie Cassan estimant que Médiacités fait paraître « des témoignages isolés (…) érigés en vérités sans qu’il ne soit tenu compte de l’intégralité des éléments fournis par l’administration ou par les élus de la collectivité. » Gaël Cerez, le rédacteur en chef toulousain auteur de l’article, évoque au contraire « des faits établis, car vérifiés » et estime que « la décision brutale de la Mairie est aussi incompréhensible qu’injustifiable. Une collectivité publique se doit d’informer le public. » À l’origine de ce bras de fer entre le journal et la municipalité : une demande d’informations à propos d’une procédure qui oppose la Mairie de Toulouse à l’une de ses agents.
Contactée par nos soins, le lendemain de la publication de cet article, Julie Cassan se défend aujourd’hui de claquer la porte aux journalistes du site d’investigation : « Vous avez pu lire mon message et constater qu’il n’est pas écrit que nous ne répondrions plus à Médiacités. Nous avons choisi pour les raisons évoquées dans ce message de ne pas répondre à cette demande, ainsi que par respect pour la procédure en cours dans ce différend. Aller au-delà serait entériner une polémique qui n’a pas lieu d’être ». Pour Jacques Trentesaux, cofondateur et directeur de la publication de Médiacités, la responsable des relations presse effectue ici « un rétropédalage en règle, parce qu’elle a vu l’ampleur que prenait l’affaire sur les réseaux sociaux et dans la presse. Et que nous ne comptions pas en rester là. Peut-être avait-elle pris au départ une initiative malheureuse ? Si c’est le cas, il s’agit d’une faute professionnelle. »
Le directeur de la publication pointe « le déséquilibre qui existe entre les collectivités et les journalistes. Il leur est difficile de mener des investigations parce que la plupart des élus estiment que la presse locale doit être leur alliée, qu’elle n’est qu’un relais de leur activité, au jour le jour. Par conséquent, un média comme le nôtre, qui arrive avec une plus grande distance sur les événements, qui choisit ses sujets sans suivre l’agenda politique, qui n’assiste pas aux conférences de presse, n’est pas vraiment bien perçu. » Hasard du calendrier, Médiacités a lancé ces derniers jours un message d’urgence à ses lecteurs : « Nous avons besoin de 2 000 nouveaux abonnés avant la fin de l’année ou nous cesserons de publier en 2022. Ce serait dommage, nous sommes les seuls à pouvoir garantir des enquêtes indépendantes », peut-on lire sur le site. Et Jacques Trentesaux de conclure : « Merci à Jean-Luc Moudenc (le maire de Toulouse, NDLR.) de nous fournir des arguments supplémentaires pour espérer boucler notre campagne d’abonnements ».
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