L’association 60 000 rebonds Occitanie accompagne gratuitement les entrepreneurs qui ont fait faillite, dans leur reconstruction personnelle et professionnelle. Son président, Philippe Dagorno, s’attend à de nombreuses sollicitations au premier semestre 2021.
La liquidation d’une entreprise engendre un profond traumatisme chez son dirigeant. 60 000 rebonds peut lui venir en aide. « En 2012, année de création de l’association à Bordeaux, il y a eu 60 000 liquidations en France. Cela représente 60 000 chances de rebonds », traduit Philippe Dagorno, président de l’antenne occitane. Depuis 2016, cette dernière a accompagné une centaine d’entrepreneurs vers une nouvelle voie, en mettant notamment à la disposition de chacun d’entre eux un coach professionnel. « Sa première tâche est d’aider à la reconstruction personnelle de ces personnes qui ont perdu leur bébé, leur entreprise. Mais aussi leur activité, leurs revenus et parfois leur habitation, si elles l’avaient mise en caution. Par ricochet, les dégâts sont souvent familiaux, avec des divorces à la clé », décrit Philippe Dagorno, qui a lui-même connu un échec entrepreneurial, il y a une vingtaine d’années.
Un membre de l’association et une cinquantaine d’experts dans de nombreux domaines d’activité s’occupent du deuxième volet de l’accompagnement, celui consacré à la reconversion professionnelle. « Débarrassé de son sentiment d’échec, conscient que ce n’était qu’une phase d’apprentissage, l’entrepreneur trouve alors sa nouvelle voix, son projet de rebond », témoigne Philippe Dagorno. Ce dispositif de soutien dure jusqu’à 24 mois et il est gratuit. Constituée de bénévoles, l’association bénéficie, entre autres, des subventions de la Région Occitanie et de Toulouse Métropole.
Alors que le confinement impacte fortement l’économie, Philippe Dagorno s’attend à de nombreuses sollicitations dans les mois à venir. « Pour l’instant, les entreprises sont sous cloche : elles bénéficient de reports de charges, du chômage partiel ou de prêts garantis par l’État. Les tribunaux de commerce indiquent même que le nombre de défaillances est en baisse… Ce que nous redoutons, c’est le moment où l’on débranchera cette perfusion d’aides et qu’il faudra rembourser les dettes. Les entreprises fragiles n’y résisteront pas ». Le responsable associatif se prépare à une recrudescence des liquidations durant le premier semestre 2021 et lance un appel : « Nous avons besoin de fonds et de bénévoles, notamment de coachs qualifiés. Nous sommes preneurs de toutes les bonnes volontés. »
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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