Selon les responsables du CHU de Toulouse, la deuxième vague de Covid-19 a bel et bien commencé à déferler. Pour y faire face, ils ont opéré un changement de stratégie.
Au CHU de Toulouse, on constate bel et bien les effets de la deuxième vague de Covid-19 © Laura Benmeradi (Archives – JT)Directeur général du CHU de Toulouse, Marc Penaud n’hésite pas à parler d’une deuxième vague de l’épidémie de Covid-19. « Nous y sommes clairement, un cap a été franchi », dit-il. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Alors qu’à la fin du confinement, on ne comptait plus qu’une dizaine de personnes hospitalisées, dont une en réanimation, il y en a cinq fois plus, ce vendredi 18 septembre, soit 53 hospitalisations, dont 13 réanimations ou soins intensifs.
Une reprise dont l’intensité demeure toutefois bien inférieure à celle de la première vague. « Au pic que nous avions atteint en avril dernier, il y avait 193 patients hospitalisés, dont 67 en service de réanimation », rapporte celle qui dirige ce dernier, Béatrice Riu-Poulenc. « Il s’agit d’une cinétique moins explosive que celle du mois de mars, qui s’inscrit sur une durée plus longue, mais la tendance est identique », prévient Marc Penaud.
Au standard du Samu31, qui reçoit 40 % d’appels supplémentaires depuis la rentrée, il semble que l’augmentation des cas soit due à « un relâchement dans le respect des règles barrières, particulièrement dans la sphère privée, familiale ou amicale. Les gens s’exposent à nouveau, ce qui est compréhensible après la période de restrictions qu’ils ont connue, mais c’est bien malheureux », estime Vincent Bounes, le patron du Samu haut-garonnais.
Âgés de plus de 60 ans, en surpoids ou hypertendus, le profil des patients est le même qu’au mois de mars. « Mais nous les prenons mieux en charge, notamment avec l’utilisation précoce de corticoïdes, qui évitent à certains patients de devoir être placés en réanimation », précise le professeur Pierre Delobel, chef de service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Toulouse. Il indique par ailleurs que de nombreux traitements se sont révélés inefficaces et ont été écartés des protocoles de recherche.
Pour faire face à la deuxième vague, la stratégie a changé. « Il s’agit désormais de prendre en charge le nombre croissant de patients Covid en urgence ou en réanimation, tout en maintenant l’activité normale du CHU », résume son directeur général. Pour cela, 500 recrutements ont été effectués avant l’été pour grossir les rangs des personnels soignants et 300 de plus devraient l’être d’ici la fin du mois de septembre.
Les stocks de gants, masque, gel ou blouse ont également été faits, avec une capacité d’au moins 90 jours. Enfin, face à « une montée en charge extrêmement importante des capacités de test », le CHU, qui en pratique entre 2000 et 2500 par jour, va instaurer de nouvelles règles sur ses deux drives de Purpan et Rangueil. À partir de ce lundi 21 septembre, les personnes qui disposent d’une prescription médicale ou qui font partie des cas contacts d’un cluster pourront passer en priorité et recevront leurs résultats dans les 48 heures.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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