Mise au point. Faussement accusé d’avoir d’avoir dédié sa victoire à Mohamed Merah et Salah Abdeslam à l’issue d’un combat de MMA à Montreux en Suisse, le lutteur toulousain Magomed Guekhaiev revient pour la première fois sur cette affaire symptomatique des crispations actuelles.
Les nombreuses publications et personnalités ayant relayé la fausse information, comme l’avocat proche du Front national Gilbert Collard, peuvent se rassurer. Non, Magomed Guekhaiev n’a pas fait l’apologie du terrorisme comme l’a écrit le 20 Minutes Suisse à l’issue d’un événement de MMA en avril dernier à Montreux. D’ailleurs, la salle où il s’entraîne avenue d’Atlanta à Toulouse n’a rien d’un repère de jihadistes. C’est là que le lutteur d’origine tchétchène reçoit pour revenir sur ce « bad buzz ». S’il a aujourd’hui retrouvé le sourire, celui qui parle pourtant assez bien le français préfère être accompagné d’un interprète pour être sûr de dissiper tous les malentendus. « C’était mon troisième combat professionnel, le premier en MMA (discipline interdite en France, NDLR). Après ma victoire, j’ai pris le micro pour remercier dieu, mon coach et mon équipe et là il y a eu des sifflets, j’ai vu aussi des bras tendus dans la salle », raconte Magomed. Mais ce n’est qu’en rentrant à Toulouse qu’il réalise ce qu’il se passe, via les réseaux sociaux. Dans un premier article remanié depuis, le journal 20 Minutes accuse le Toulousain d’avoir dédié sa victoire à Mohamed Merah et Salah Abdeslam sur la base de témoignages de personnes présentes dans la salle. L’information se répand un peu partout sans être vérifiée, surtout dans des publications proches de l’extrême droite.
« J’étais choqué, ils ont voulu faire le buzz »
« J’étais choqué, dans l’article ils disent que j’ai parlé en arabe alors que je ne le parle pas, ils ont voulu faire le buzz », poursuit le lutteur. Problème pour les accusateurs, l’organisateur de l’événement met en ligne la vidéo. À aucun moment il n’y est question de Mohamed Merah ou Salah Abdeslam. Les seuls termes arabes qu’il prononce sont « Allah akbar » (« Dieu est grand »), répété plusieurs fois et « Assalamu alaykoum » (« Que la paix soit sur vous »). Des expressions qui ont peut-être provoqué la confusion, voire heurté une partie de l’assistance, mais prononcées de manière anodine par Magomed Guekhaiev : « pour moi ce sont des phrases normales de tous les jours, comme un chrétien aurait pu dire « merci Dieu ». J’avais fait la même chose après mes deux premiers combats et il n’y avait eu aucune réaction ». D’ailleurs malgré un climat assez lourd sur la question de l’islam, le combattant assure qu’il n’a jamais eu aucun problème depuis son arrivée en France. Face aux insultes et menaces proférées sur Facebook, il préfère souligner le soutien qu’il a reçu de la part de son coach, de ses proches, mais aussi de célèbres lutteurs ou du rappeur Youssoupha. Parti de Tchétchénie en 2005 pour fuir la guerre, Magomed Guekhaiev a recommencé sa vie à Toulouse. Aujourd’hui, il n’a qu’un rêve : obtenir la nationalité française pour pouvoir combattre hors de l’Europe et surtout intégrer l’équipe de France de Grappling, une variante de la lutte.
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