ÉPUISÉS. Les soldats du feu toulousains poursuivent leur mouvement de protestation qui commence à résonner dans d’autres départements. Ils expliquent les raisons de leur colère.
©Kevin Figuier/JT«Nous avons obtenu qu’un psychologue tourne dans la caserne», relate Christophe Brunet, pompier au centre de secours Genes Lougnon, au Port Saint-Sauveur et représentant CGT. Preuve du malaise ambiant chez les soldats du feu toulousains, qui ont entamé un mouvement de protestation il y a un mois et demi. Depuis quelques jours, 40 % d’entre eux sont en arrêt maladie. «Beaucoup en ont réellement besoin pour souffler», reprend Christophe Brunet.
Si certains ont refusé de témoigner «parce que les punitions commencent à tomber», le délégué syndical et son collègue Nicolas Marcoux, également représentant CGT, ont volontiers énuméré leurs difficultés quotidiennes. «La région toulousaine a gagné 150 000 habitants ces dix dernières années, mais le nombre de pompiers n’a pas évolué. Nous faisons aussi de moins en moins d’urgences, notre cœur de métier, et de plus en plus de simple transport sanitaire», soulignent-ils, appelant à une meilleure organisation des services de soins et de secours. «Nous sommes sollicités pour des cas auparavant pris en charge par le médecin traitant. Et à l’hôpital, le manque d’infirmiers et de brancardiers nous conduit à assurer nous-mêmes l’accompagnement des victimes dans les différents services. Les collègues d’autres secteurs doivent prendre le relais pour les autres interventions, cela crée une réaction en chaîne.» Un autre soldat du feu, qui souhaite conserver l’anonymat, appuie : «On sort parfois en sachant que l’on arrivera trop tard… Dans les petites casernes, les véhicules partent avec un effectif incomplet et doivent attendre du renfort.»
Christophe Brunet évoque aussi les violences quotidiennes, verbales, voire physiques. Autant de difficultés qui s’accompagnent d’un «manque de reconnaissance», selon les délégués syndicaux. Avec des gardes de 24 heures d’affilée, «à l’année, nous travaillons 2256 heures, payées 1607 heures. Les pompiers volontaires, eux, sont rémunérés entre 5 et 8 euros de l’heure et enchaînent souvent leur travail quotidien sans avoir bénéficié de repos. Or, sans eux, le système ne fonctionne pas !»
Première avancée obtenue : la mobilisation de pompiers professionnels dans des casernes qui n’en bénéficiaient pas jusqu’alors, comme Villemur-sur-Tarn ou Saint-Lys. En échange, les centres de secours toulousains accueilleront pour la première fois des volontaires. Reste la question de la rémunération, sensible en raison des restrictions budgétaires. Elle sera abordée ce jeudi lors d’une nouvelle rencontre entre les soldats du feu et leur organe de tutelle, le Syndicat départemental d’incendie et de secours (Sdis).
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