BRIQUE – Payer une baguette, trois boites de conserve ou un paquet de tabac en carte bleue, ce n’est pas toujours possible. Certaines boutiques indiquent par un panneau un montant minimum en deçà duquel la monnaie sonnante et trébuchante sera exigée. Mais comment se fixent ces montants, et pourquoi n’y en a-t-il pas partout ? – Gabriel Haurillon
Rue de Metz, la grisaille et le froid poussent les Toulousains dans l’antre d’un pub chaleureux. Au comptoir, Anne commande deux bières et s’enquiert du montant à régler : 8,60 euros. L’étudiante jette un regard fébrile vers son porte-feuilles et interroge le barman : « Je peux vous payer en carte ? » Après un rapide droite-gauche de la tête, ce dernier explique : « Nous n’acceptons pas la carte en dessous de 10 euros. » Anne peut tout de même faire une note en échange de sa pièce d’identité, mais préfère commander des nuggets pour compléter le montant.
Dans un autre bar, non loin du palais de justice, Grégoire est confronté au même dilemme. La perspective de traverser le froid automnal pour trouver un distributeur ne l’enchante pas : « Je ne comprends pas pourquoi il y a un montant minimum dans votre bar et pas dans d’autres ? » « Parce qu’on ne veut pas enrichir les banques », rétorque le gérant, de passage derrière le comptoir, avant d’accepter dans un soupir d’encaisser les 9 euros en carte.
Les montants minimums sur les cartes bancaires seraient-ils un acte de résistance face au grand capital ? Si tel est le cas, un buraliste de Saint-Cyprien est lui aussi en lutte. Bien en vue, à côté du comptoir, un papier imprimé indique solennellement : « Selon l’article L113-3 du code de la consommation, un commerçant peut refuser un règlement par carte bancaire. MINIMUM 15 EUROS ! » En effet, liberté est donnée par la loi aux commerçants de ne pas accepter un paiement dématérialisé. Chacun d’entre eux est donc libre de fixer un montant minimum.
« Notre problème, c’est que l’on vend des produits à très courtes marges comme des timbres par exemple, à 85 centimes, sur lesquels nous gagnons 2,5%. Avec la commission carte bleue, on les vendrait à perte », analyse Gérard Vidal, représentant des buralistes de Midi-Pyrénées. Ce type de paiement coûte en moyenne de 0,8 à 1% du montant en commission bancaire aux commerçants selon nos confrères du Monde.
Cette ponction regroupe trois services : le traitement de la transaction, la mise en oeuvre par les banques de mesures de sécurité pour lutter contre la fraude et un fond de garantie pour assurer les paiements aux commerçants en cas d’escroquerie. Lorsque ces derniers évitent les règlements par carte, ils limitent par la même occasion les commissions versées aux banques. Un choix que n’a pas fait Bernard Penent, gérant du Dubliners : « J’ai négocié une commission de 0,6%, plutôt avantageuse. C’est aussi pour faciliter la vie des clients, et pour qu’ils ne rebroussent pas chemin s’ils n’ont pas de monnaie en poche », lâche-t-il en souriant.
La rédaction
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