CASTAGNE. Où vit-on le mieux ? Où fait-il le plus beau ? Qui a la plus grosse… population ? Bordelais et Toulousains passent leur temps à se comparer et à se balancer des vacheries. Et semblent aimer ça. Mais au fait, d’où cela vient-il ?
«Je n’y ai jamais mis les pieds mais je n’aime pas Bordeaux. C’est comme ça, c’est dans mes gènes», philosophe Justine, jeune infirmière. À Toulouse, l’animosité anti-bordelaise est un sujet à fort potentiel de mauvaise foi. Une sorte de sport régional s’illustrant par un petit nom d’oiseau lâché au passage d’une voiture immatriculée 33. Au pire, par un boycott à vie des cannelés. Mais qui n’empêche pas l’existence de couples mixtes. «Je la chambre avec ça mais elle ne rentre pas trop dans le jeu. Elle n’assume pas, c’est une vraie Bordelaise !» lance Xavier à propos de sa copine Marion.
Passons sur la théorie selon laquelle les Bordelais ne seraient que de mauvais Toulousains tombés dans la Garonne. Dans son livre “Toulouse Bordeaux l’un dans l’autre”, Serge Legrand Vall date de l’époque romaine les premières origines de cette rivalité : «Les Toulousains sont les premiers à avoir fait fortune avec le vin. Ils l’achetaient en Italie et le revendaient très cher aux Bordelais. C’est pour cela que ces derniers ont décidé de planter leurs propres vignes avant de déclencher au Moyen-Âge une guerre du vin. Sur les quais, ils ne vendaient les autres breuvages du Sud-Ouest qu’une fois leurs récoltes épuisées. Ce privilège a généré beaucoup de frustration.»
Si l’époque médiévale est aussi marquée par les relations belliqueuses entre Ducs d’Aquitaine et Comtes de Toulouse, c’est au XVIIIe siècle que la rivalité va changer de dimension. «Alors que les deux villes avaient toujours été égales, Bordeaux bénéficie du commerce transatlantique pour exploser, c’est le début de la jalousie», raconte l’écrivain. Une situation qui s’inverse au XXe siècle avec l’essor de l’aéronautique dans la Ville rose. Sa voisine hérite alors de son surnom de “belle endormie”.
«Aujourd’hui, il existe un nouvel équilibre. On parle plus de complémentarité que de concurrence», estime Serge Legrand Vall, lui-même «passé à l’ennemi» après avoir vécu 10 ans à Toulouse. C’est parce qu’il a retrouvé à Bordeaux beaucoup de ce qu’il aimait de la Ville rose que ce “binational” a eu l’envie de fouiller dans l’histoire. «Certes, il y a une culture plus populaire à Toulouse, c’est une ville nerveuse alors que sa voisine est une cité de commerçants plus bourgeoise. Mais il y a beaucoup de points communs dans la manière de vivre», assure-t-il.
En tout cas, il semble que même à l’équilibre, les deux villes n’aient pas fini de se toiser. En témoignent les débats autour de la LGV, qui verra Bordeaux desservie la première. Ouf, il y aura toujours une bonne raison pour détester ses meilleurs ennemis !
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