Depuis la précédente réforme du lycée amorcée en 2011, la question environnementale est incluse dans l’enseignement technologique. Au sein de la spécialité ITEC (Innovation technologique écoconception), les élèves inscrits en STI2D au lycée Déodat de Séverac apprennent à concevoir des produits en prenant en compte leur cycle de vie.
Le bitume du boulevard Déodat de Séverac porte encore les traces du mouvement qui a enflammé les lycées toulousains durant le mois de décembre. Mais en cette matinée de janvier, la rentrée est studieuse dans l’établissement scolaire du même nom. Voire glaciale, pour une poignée des 2 400 élèves qui ont repris le chemin des cours aujourd’hui. Pendant les vacances, l’électricité a en effet sauté dans la partie atelier qui, ce matin, abrite notamment les classes de terminale technologiqu STI2D (Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable), spécialité Itec (Innovation technologique écoconception).
Difficile à imaginer tant le bâtiment, avec ses briques et son toit verrière aux formes triangulaires, évoque l’architecture industrielle des années 1970, mais l’écologie tient une bonne place ici. Précisément depuis la réforme du lycée amorcée en 2011 qui a vu l’ancien bac STI se transformer en STI2D. « C’est véritablement à ce moment que la dimension environnementale est arrivée dans l’enseignement technologique alors qu’auparavant, elle était très peu présente », explique Béatrice Pelfort, directrice déléguée aux formations professionnelles et technologiques. Itec est une des quatre spécialités que les élèves peuvent choisir à partir de la classe de première. Elle vise à « explorer l’étude de solutions techniques innovantes pour répondre à des besoins, en intégrant le développement durable et la réduction du bilan carbone dans le cycle de vie d’un produit ».
« La question de l’utilisation de l’énergie est très ancrée en eux »
Bien que la température peine à remonter dans une des classes qui entourent l’immense allée centrale d’ateliers grillagés, les cerveaux des apprentis écoconcepteurs sont déjà en ébullition. Après avoir acquis des bases théoriques et réfléchi à une idée durant la première partie de l’année, les ‘’Itec’’ entament en ce jour de rentrée la concrétisation du projet qu’ils devront présenter au bac. Par groupe, ils remplissent des diagrammes, font avancer leur innovation technologique, avant de la modéliser. « Ils en sont à la phase des calculs de masses et de dimensions. Ils comparent les options techniques, recherchent des solutions constructives et les critères à évaluer », détaille Christophe Leveillé, l’un des deux enseignants.
L’un des groupes scrute attentivement un fauteuil roulant en vue de fabriquer un système de treuil permettant d’attraper des objets en hauteur. Avec ses camarades, Bastien planche, lui, sur une bouée connectée : « Elle doit servir à capter l’eau de la Garonne et à l’analyser dans le cadre d’une future ouverture à la baignade. Elle fonctionnera à l’énergie solaire. » Bien que les projets n’aboutissent pas forcément à un produit fini, les élèves passeront plus tard par l’atelier où les attendent des machines en tous genres, découpe-laser, thermoformeuses et les incontournables imprimantes 3D. Dans ce gigantesque fatras, se trouve même un tourniquet. Tout juste arrivé, il servira à un groupe dont le projet consiste à utiliser son mouvement de rotation pour le rendre autonome.
« Mon but est d’améliorer la vie quotidienne, cela passe forcément par l’écologie »
Le catalogue des idées, passées ou en cours, des ‘’Itec’’ ressemble ainsi à une sorte de mini concours Lépine. Certaines ont même été récompensées par les Olympiades des sciences de l’ingénieur, comme une turbine hydraulique permettant de recharger des téléphones ou un projecteur autonome et mobile pour éclairer un terrain de foot. « Ils sont libres de choisir et ont un budget à respecter de 50 à 100 euros. Leur idée doit toujours contenir au moins un aspect environnemental. Cela passe beaucoup par la sélection des matériaux, mais ils doivent aussi réfléchir à la quantité de matière et à l’utilisation de pièces démontables et réparables. Certains n’ont pas du tout la fibre écologique et sont là par défaut, mais on sent que, même inconsciemment, la question de la consommation d’énergie est très ancrée en eux », observe Jérôme Chailan, le second professeur.
De fait, la filière technologique souffre encore d’un manque de reconnaissance : « Je me suis orientée en STI car je n’ai pas été acceptée en S », confie sans détour Alice, qui compte se diriger vers l’université. Dans son groupe, qui élabore un système destiné à produire de l’énergie à partir des eaux usées des machines à laver et lave-vaisselles, Mélissa, elle, assume fièrement son choix : « Mon but est d’améliorer la vie quotidienne des gens et cela passe forcément par l’écologie. » En tout cas, à l’image de Bastien, arrivé là un peu « par hasard », tous louent la polyvalence de cette filière qui offre une grande diversité de poursuites d’études. Une filière qui sera réorganisée dès la rentrée prochaine avec la nouvelle réforme du lycée, qui réduira le nombre d’heures de pratique.
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