Les associations Cimade Soud-Ouest, la ligue des droits de l’homme (LDH) Toulouse, Droit au logement 31, RESF31, Nouveaux chemins, Toulouse Solidarité et Toulouse APESAR militent pour la solidarité et les droits des réfugiés et des migrants. Photo/LC
Après la décision du tribunal de Toulouse d’expulser les familles syriennes du quartier des Izards, les associations de défense des droits des réfugiés montent au créneau. Lundi 8 février, elles ont organisé une conférence presse pour faire part de la situation d’urgence dans laquelle se trouvent de nombreux demandeurs d’asile.
Aux Izards, le droit de propriété a remporté gain de cause face à la défensedes réfugiés. Le tribunal a tranché : les Syriens installés depuis avril dans un immeuble en voie de destruction du quartier des Izards doivent le quitter avant la fin de la trêve hivernale. Ils sont également condamnés à verser 500 euros d’indemnités mensuelles d’occupation à Habitat Toulouse. Cela concerne 38 familles, soit environ 200 personnes dans l’attente de relogement.
Un coup très dur pour les réfugiés : « les familles syriennes sont démunies, elles ne s’attendaient pas à une décision aussi sévère », note Nadia, trésorière et représentante de l’association Nouveaux chemins qui soutient les réfugiés du quartier.
« Il est curieux qu’un bailleur veuille faire payer des indemnités pour l’occupation d’un logement vide jugé inhabitable », soulève François Piquemal, porte-parole de Droit au logement (DAL) Sud-Ouest. L’association estime que l’État prendra probablement en charge cette amende, la plupart des familles n’étant pas en mesure de payer ces indemnités. Mais la condamnation complexifie la défense de leur cause.
Une lettre à la ministre et au préfet
« Nous militons avant tout pour que les Syriens des Izards soient relogés rapidement dans des conditions décentes et idéalement dans la région. Nous avons lancé une lettre ouverte pour interpeller le Ministère du Logement et la préfecture de Haute-Garonne. Si cela n’aboutit pas, nous lancerons des actions concrètes », annonce Philippe Le Bailly, de la ligue des droits de l’homme (LDH). Les associations demandent également l’accès de toutes ces personnes à la reconnaissance du statut de demandeurs d’asile, ainsi qu’aux droits élémentaires tels que la scolarisation des enfants.
Selon Pierre Grenier, de la Cimade, « des entreprises, particuliers, collectivités ont offert des hébergements, mais la Préfecture n’a pas examiné ces propositions. Les pouvoirs publics se renvoient la responsabilité. Cela illustre l’incohérence des annonces avec la réalité du terrain ».
Autres problèmes de fond : les relogements arbitraires effectués partout en France, indépendamment de la région d‘arrivée des réfugiés. Sans compter le manque de suivi des familles après leur relogement. La plupart des Syriens des Izards étaient en Espagne avant de s’y installer. Ils craignent de devoir y retourner : « La situation des réfugiés en Espagne est déplorable. Beaucoup d’entre eux sont contraints de vivre dans la rue », déplore Nadia.
« J’observe qu’énormément de gens ont tendance à s’habituer à voir les demandeurs d’asile dans une telle précarité. Mais la situation est plus qu’anormale. Ils ont fui la guerre et vécu de grands traumatismes. N’en rajoutons pas en les condamnant à l’expulsion », avance la trésorière de Nouveaux Chemins. « Les Syriens des Izards sont désormais des Toulousains. Ils veulent rester en France et dans la région ».
Ils n’ont pas encore quitté l’immeuble d’Habitat Toulouse, mais espèrent qu’une solution sera trouvée avant la fin de la suspension des expulsions. Date butoir du 31 mars, dernier jour de la trêve hivernale.
Lucy Charpie
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