Julie Sarrazin est la directrice de l’association Grisélidis, qui vient en aide aux prostitué(e)s à Toulouse. Depuis un incendie en mai qui a rendu leur local inaccessible, l’association s’est réfugiée dans un local de 20 m², insuffisant pour accueillir les travailleurs du sexe et les 9 salariés, qui attendent toujours une solution de relogement adaptée.
A l’attention des pouvoirs publics
Grisélidis est une association de santé communautaire avec et pour les travailleurSEs du sexe. Nous intervenons à Toulouse depuis quinze ans, afin de réduire les risques de transmission du VIH et des IST ; de permettre l’accès à la santé, au logement, aux droits ; et de lutter contre les discriminations, les violences et la répression.
Le 24 mai 2015, un incendie a eu lieu dans l’immeuble de notre association qui a gravement endommagé nos locaux, les rendant inaccessibles aussi bien aux salariées qu’au public accueilli. Jusqu’à la fin du mois d’octobre, nous avons fait le choix d’assurer un accueil d’urgence : chaque mardi après-midi, pendant cinq mois, c’est entre trente et soixante personnes qui ont été reçues à bord de notre bus de prévention stationné devant le bâtiment. Dans ce minuscule espace exposé à la vue des passants et aux intempéries, nous avons été confrontées à des conditions de travail extrêmement inconfortables, qui mettaient à mal la confidentialité et la qualité des échanges.
A l’approche de l’hiver, pour garantir le bien-être et la sécurité des personnes accueillies, nous avons pris la décision de suspendre cette demi-journée d’ouverture tant que nous ne disposons pas d’un lieu adapté pour les recevoir. Cette décision a un impact particulier sur la part la plus précaire et la plus isolée de notre public, pour qui le rendez-vous du mardi après-midi était un moment privilégié. En outre, si nous poursuivons nos activités hors les murs et continuons à recevoir les travailleur-se-s du sexe sur rendez-vous, ceux-ci se déroulent dans un local de 20 mètres carrés, où se côtoient les douze membres de l’équipe de Grisélidis. Là encore, la qualité de l’accompagnement proposé pâti gravement de cette situation, et il devient éprouvant pour les salarié-e-s d’accomplir leurs missions.
Ces difficultés surviennent dans un contexte social et politique hostile aux travailleurSEs du sexe : à Toulouse, l’arrêté municipal anti-prostitution a été reconduit et étendu au cours de l’année ; tandis qu’au niveau national, le projet de loi visant à pénaliser les clients est en passe d’être adopté par l’Assemblée. Le délit de racolage est quant à lui toujours en vigueur, tandis que les lois sur le proxénétisme hôtelier, d’aide et de soutien entravent toute solidarité entre les travailleurSEs du sexe.
Ces mesures répressives contribuent à les exposer davantage aux violences, aux contaminations VIH et à la stigmatisation. Elles sont combattues depuis de nombreuses années par Grisélidis ainsi que par l’ensemble des associations de travailleurSEs du sexe, de santé, et de lutte contre le Sida, qui défendent l’accès aux droits fondamentaux des personnes exerçant le travail sexuel, et leur implication dans l’élaboration des politiques publiques les concernant.
Alors que notre présence sur le terrain est plus que jamais nécessaire, les difficultés matérielles que nous rencontrons limitent notre efficacité. Nous en appelons donc à la solidarité des pouvoirs publics, de nos partenaires financiers et associatifs et plus largement de l’ensemble des toulousain-e-s pour nous aider à retrouver un espace d’accueil pour les travailleurSEs du sexe de Toulouse.
Julie Sarrazin
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