Dans son bilan pour l’année 2018, Atmo Occitanie indique que l’exposition à la pollution atmosphérique en Haute-Garonne est comparable à celle des dernières années. La situation aurait même tendance à s’améliorer.
« On constate une stabilisation des concentrations de polluants, alors que le département accueille plus de 15 000 personnes par an… C’est encourageant », estime Dominique Tilak, la directrice générale d’Atmo Occitanie, l’observatoire régional de la qualité de l’air. Dans son bilan, elle rappelle les cinq épisodes de pollution qui ont eu lieu en Haute-Garonne en 2018, dont trois journées pour de trop fortes concentrations de particules de moins de 10 micromètres et deux jours pour des pics d’ozone.
« On constate une stabilisation des concentrations de polluants »
Ces derniers, qui surviennent d’ordinaire en été, peuvent avoir de graves conséquences sur la santé : « La surmortalité à Toulouse pendant la canicule de 2003 était davantage due à l’ozone qu’à la température », indique Dominique Tilak, qui craint que l’année 2019 connaisse davantage d’alertes, compte tenu des records de chaleur annoncés, notamment en ce mois de juin.
La pollution au dioxyde d’azote (NO2), principalement rejeté par les voitures, est, elle, assez préoccupante. En particulier près de la rocade toulousaine, où sa concentration en 2018 a largement dépassé la valeur limite fixée pour réduire ses effets nocifs sur la santé. Atmo Occitanie vient justement de mener une étude sur une portion de l’autoroute A62, qui montre que « la baisse de la vitesse à 110 kilomètres a un impact significatif sur les niveaux de NO2 ».
Cette expérimentation a été commandée par la préfecture de Haute-Garonne, compétente en la matière : « Si les mesures contre la pollution sont prises à cet échelon administratif, c’est parce qu’il faut faire du cas par cas. Parfois, c’est la voiture qui est responsable, d’autres fois, cela peut-être l’écobuage… Et la réponse n’est pas la même », explique la directrice générale de l’observatoire régional de l’air.
Enfin, la concentration de particules fines — de moins de 2,5 micromètres, potentiellement les plus dangereuses — se stabilise, voire baisse, à proximité des axes routiers comme dans le reste de la ville : « Une tendance qui s’explique par la meilleure isolation des habitations, mais aussi une moindre utilisation du chauffage, du fait d’hivers plus doux », précise Dominique Tilak. Ainsi le climat a-t-il un effet paradoxal sur l’évolution de la pollution de l’air. Mieux : plus il fait chaud en hiver, plus les particules se dispersent. « Mais on ne peut pas se satisfaire d’aléas météorologiques quand il s’agit de santé publique », intervient Thierry Suaud, le président d’Atmo Occitanie. Il est nécessaire d’agir, de manière forte. J’aimerais pouvoir annoncer que le recul des concentrations est le résultat de politiques efficaces… Or, ce n’est pas le cas. »
En mai 2018, La Commission européenne a renvoyé la France devant la Cour de justice européenne pour manquement dans la lutte contre la pollution atmosphérique. Et ce 25 juin 2019, le tribunal de Montreuil a reconnu la responsabilité de l’État après qu’une mère et sa fille l’avaient assigné pour carence fautive, alors qu’elles souffraient de problèmes respiratoires dus à la mauvaise qualité de l’air. Une décision qui pourrait faire jurisprudence.
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