RECYCLAGE – Dans l’espoir de limiter les débris spatiaux, une équipe de chercheurs de l’Isae-Supaero de Toulouse travaille sur un projet de garage de l’espace, comme sorti des meilleurs films de science-fiction. Débris dans l’espace © WikiImages
170 millions de débris gravitent dans l’espace, autour de la Terre. Des satellites obsolètes, des pans entiers d’engins spatiaux délabrés, des boulons et autres visseries. Autant d’objets susceptibles d’entrer en collision avec des satellites opérationnels ou de retomber sur la planète. Depuis 2011, la France veille à envoyer sur une orbite cimetière tous ses satellites qui ne fonctionnent plus, mais ce n’est pas le cas de tous les pays qui les laissent à la dérive.
Pour stopper la multiplication des déchets spatiaux, une équipe de chercheurs de l’Isae-Supaero, dirigée par Stéphanie Lizy-Destrez, travaille sur l’élaboration d’un garage dédié. « Plutôt que d’envoyer continuellement de nouveaux satellites dans l’espace et de les abandonner lorsqu’ils sont obsolètes, l’idée est de les arranger pour augmenter leur durée de vie », explique la coordinatrice du projet, responsable de la chaire “concepts spatiaux avancés”.
À l’image d’un garage pour véhicules sur Terre, celui-ci prendra la forme d’un satellite-mère duquel de petits engins seraient propulsés vers les satellites défectueux pour effectuer les réparations. Ces derniers pourraient également venir s’arrimer pour faire le plein de carburant ou changer leurs panneaux solaires. « Tout sera robotisé car l’environnement est trop hostile pour penser à une station habitée », précise la chercheuse.
Quant aux satellites trop endommagés, ne pouvant pas être dépannés, Stéphanie Lizy-Destrez prône le recyclage : « Nous pourrons récupérer des pièces pour réparer des satellites ou pour en créer de nouveaux. » Une vision plus large qui participe à la lutte contre la pollution spatiale, notamment sur l’orbite géostationnaire. « Il s’agit d’une orbite tournante en même temps que la Terre et qui permet aux satellites de garder, en permanence, un même point en ligne de mire. Elle est très prisée par la télécommunication », rappelle la chercheuse. Et donc très fréquentée.
Mais « dans le spatial, tout est plus long car il faut concevoir les technologies qui seront utilisées », confesse-t-elle. Stéphanie Lizy-Destrez espère ainsi aboutir à une première maquette d’ici quatre ans, pour un projet livré dans quinze ans.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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