Dans l’aire urbaine de Toulouse, 100 000 personnes vivent dans un logement inadapté à la taille de leur foyer. Dans l’aire urbaine de Toulouse, 100 000 personnes vivent dans une situation de “suroccupation” de leur logement © DR
Dans l’aire urbaine de Toulouse, un peu plus de 7 % de la population vit dans un logement suroccupé. En effet, dans une récente étude, l’Agence d’urbanisme et d’aménagement de Toulouse (Auat) constate que 21 300 foyers, soit près de 100 000 personnes, manquent d’espace dans leur lieu d’habitation. Cette association ayant pour mission d’accompagner le développement de l’aire urbaine a ainsi recensé les familles vivant dans un logement dont le nombre de pièces est inférieur ou égal au nombre d’occupants (2 personnes ou plus dans un T1, 3 personnes ou plus dans un T2, etc.). Un constat qui vient éclairer localement le débat qui a éclos pendant le confinement sur les inégalités face aux conditions de logement.
Le premier enseignement de cet état des lieux réalisé par l’Auat est que le phénomène de suroccupation du logement touche principalement les familles (94% de cas) et encore plus significativement les familles nombreuses. Plus de la moitié d’entre elles (54%) sont composées d’au moins 5 personnes. Et, dans de nombreux cas, l’agence a relevé la présence d’un jeune enfant. « Cette situation semble corrélée à l’agrandissement de la famille. Cela pourrait révéler un problème de fluidité du parcours résidentiel des ménages qui rencontrent des difficultés à trouver un logement plus grand après l’arrivée d’un nouvel enfant », interprète-t-on du côté de l’Auat qui rappelle que l’étude ne prend pas en compte les surfaces occupées.
Par ailleurs, même si aucune des grandes catégories de population n’est épargnée par la question de la suroccupation, la majorité des personnes concernées sur l’aire urbaine sont locataires (72%) et un tiers occupent un logement social. À titre indicatif, seulement 56 % des habitants de Toulouse métropole étaient locataires de leur logement et près de 13 % vivaient dans un HLM loué vide en 2017, selon les chiffres de l’Insee. Deux catégories qui semblent donc légèrement surreprésentées, au moins à l’échelle métropolitaine. « Le parc social reste relativement épargné, car au moment de l’attribution du logement, il y a une attention portée à l’adéquation entre la taille de celui-ci et celle de la famille », précise l’Auat.
Pour l’organisme, la suroccupation des logements sur l’aire urbaine de Toulouse serait donc essentiellement le fruit d’une forme de « viscosité » du marché. Une situation où l’offre adaptée, que ce soit en termes de surface ou de prix, semble exister, mais où la transition vers un logement plus grand est plus longue et difficile. Ce qui induit des périodes de suroccupation provisoire du logement. « Même si l’on constate que des familles aisées sont également concernées, la question des revenus des ménages n’est sans doute pas étrangère. Il serait intéressant d’évaluer la durée de ces périodes transitoires et de mesurer l’évolution de ce phénomène », précise l’Auat qui évoque également les questions de la tension du marché et de la structure du parc immobilier. « Dans les grandes villes, les logements sont globalement plus petits. Par ailleurs, même si la taille des ménages a baissé dans les dernières années, la surface des logements disponibles, au niveau national, a globalement diminué », relève l’organisme.
Évidemment, ce sont les cinq communes les plus peuplées de l’aire urbaine (Toulouse, Colomiers, Blagnac, Tournefeuille, Muret) qui concentrent 60% des résidences principales surpeuplées. Mais, en raison de son offre de logement inadaptée aux familles, le centre-ville de Toulouse est relativement épargné. « Les secteurs les plus touchés sont ceux qui attirent le plus les familles. Il y a donc une réflexion à avoir sur la manière de préserver des offres qui conviennent à des ménages de grande taille. Surtout si l’on veut les garder dans les cœurs de ville », alerte l’Auat.
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