PLACE NETTE. Alors qu’à la maison, le nettoyage reste encore une tâche largement imputée aux femmes dans l’inconscient collectif, dans les rues, c’est une tout autre histoire. Laura est ainsi la seule femme du pôle territorial Sud de Toulouse Métropole à s’occuper de la propreté de l’espace public.
© Franck AlixAvec les épisodes de neige et de vent qu’a connus Toulouse ces dernières semaines, Laura n’a pas chômé. « Travailler sous la neige, ça peut aller. Le pire, c’est le vent. Quand il est violent, c’est fou tout ce qui se retrouve sur l’espace public. Mais bon, dans ces cas-là, on se sent encore plus utiles que d’habitude », dit la jeune femme en souriant. Laura est agent de nettoiement de l’espace public urbain et elle est la seule femme à exercer cette profession au sein du pôle territorial Sud de Toulouse Métropole. Tous les jours de la semaine, de 6 à 13h, elle sillonne son secteur avec son équipe pour ramasser les détritus qui jonchent les rues et les trottoirs, mais aussi les zones enherbées de l’espace public. « C’est ce qu’on appelle le maillage. On s’occupe des branches cassées qui gênent la circulation et l’on coupe celles qui dépassent un peu trop. Cela permet d’avoir des tâches assez diversifiées », précise-t-elle.
Bien qu’elle s’acquitte de sa fonction avec un grand plaisir, jamais Laura n’avait imaginé endosser l’uniforme jaune fluo il y a quelques années de cela. C’est après avoir raté le concours organisé à l’issue de la première année de faculté de médecine que le hasard a fait son œuvre. « Je voulais travailler tout en étudiant pour passer le concours d’infirmière, alors j’ai adressé une candidature spontanée à la mairie qui m’a proposé ce poste. Cela m’a permis de combiner les deux pendant un temps, mais quand la possibilité d’être titularisée s’est présentée, je n’ai pas hésité », raconte la Toulousaine. Aujourd’hui, Laura ne regrette ni son choix ni la médecine. Elle a simplement trouvé une autre manière de rendre service à la collectivité. « Je me suis sentie très vite à l’aise dans ce métier. J’avais besoin de concret, d’apprendre des choses que l’on n’aborde pas durant les études. » Une intégration d’autant plus facile qu’elle assure n’avoir jamais souffert d’être la seule femme dans cet univers masculin. « À partir du moment où le travail est bien fait, il n’y a aucun problème. C’est un métier physique mais qui reste largement faisable. Aujourd’hui, le matériel permet de diminuer la pénibilité des tâches. Par rapport à mes collègues, j’ai juste à adapter certaines techniques », confie Laura qui manie balai, pelle, pinces, cisailles et rotofil sans difficulté.
Il n’y a que lorsqu’elle conduit la camionnette que la jeune femme a droit à des remarques. « Dans les mentalités, ça reste quelque chose de très masculin, les gens sont parfois étonnés mais toujours bienveillants. Ils m’encouragent et me félicitent », glisse-t-elle. De quoi l’inciter à poursuivre dans cette voie. Laura compte bien profiter des possibilités d’évolution et passer des concours pour devenir agent de maîtrise, technicienne, voire ingénieure. Bref, continuer à se former tout en apportant sa touche : « Ce n’est jamais bon quand un métier est soit masculin, soit féminin. Nous n’avons pas la même façon d’analyser les choses que les hommes. La mixité permet d’amener un regard différent, c’est forcément une richesse. »
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