Convalescence – En grève depuis près d’un mois pour dénoncer leurs conditions de travail et le manque de reconnaissance de leur activité, les médecins régulateurs de la Haute-Garonne ont suspendu leur mouvement après avoir obtenu une réunion avec l’Agence régionale de la santé (ARS). – Nicolas Belaubre
© DRToutes les nuits, les week-ends et les jours fériés, entre deux et neuf médecins volontaires prennent leur tour de garde au centre de régulation du Samu à Purpan. Membres de l’association Regul’31, ils sont une centaine de médecins généralistes libéraux à se relayer pour assurer la gestion de la permanence des soins (PDS) dans le département.
Dans une petite salle, équipés d’un téléphone et d’un ordinateur, ils répondent aux patients qui composent le 15 (Samu) ou le 3966 (Allo Docteurs), pendant les heures de fermeture des cabinets. En quelques minutes, ils mènent un interrogatoire médical minutieux afin d’évaluer le cas et l’orienter vers la prise en charge la plus adaptée, du simple conseil à l’hospitalisation en urgence en passant par une véritable consultation avec un médecin de garde.
Ces médecins traitent près de 100 000 dossiers par an et, chaque nuit, plusieurs centaines d’appels. Entre 3h et 8h du matin, nous sommes deux ou trois pour gérer toute la population du département, soit plus d’un million de personnes, précise Pierre Massol, médecin généraliste et président de Regul’31. Plus que la cadence qui leur impose de traiter huit à dix dossiers par heure, c’est le manque de reconnaissance de leur travail, le poids de la responsabilité médico-légale et le déficit de praticiens de garde qui les ont conduits à se mettre en grève le 1er janvier dernier. « On gère la pénurie », déplore-t-il. « On manque de médecins de garde et d’ambulances. À Toulouse, la nuit, toute la PDS repose sur SOS Médecins. Or, nous sommes responsables des délais de prise en charge. On se retrouve à hospitaliser par manque de solutions. C’est notre responsabilité qui est mise en jeu ! »
L’objectif principal de la grève était de se faire entendre de l’Agence régionale de santé (ARS). « Avant Noël, nous avons été confrontés à une réponse brutale et unilatérale sur la revalorisation des honoraires, gelés depuis plusieurs années à 70€. Mais nous venons d’obtenir une réunion qui va permettre la mise à plat des problèmes le 8 février prochain», se félicite le président de l’association. « Nous souhaitons améliorer l’organisation de la PDS et obtenir un meilleur encadrement du risque médico-légal qui est, aujourd’hui, pris en charge par nos assurances personnelles. C’est un véritable frein au recrutement, car ça inquiète et décourage la plupart de nos confrères. »
Pierre Massol, dont l’association vient toutefois d’engager dix nouveaux praticiens volontaires, espère profiter de ce mouvement pour mobiliser la communauté médicale autour du manque de médecins de garde. « Il faut inciter les jeunes médecins à s’impliquer dans la permanence des soins. En fac de médecine, on leur parle des risques mais on ne leur apprend pas que ça fait partie de la médecine générale. Il faut également revoir les modalités de garde, surtout dans les déserts médicaux. Par exemple, en privilégiant les maisons médicales qui regroupent les praticiens au sein d’un cabinet collectif et en développant les médecins mobiles, pour les visites incontournables. »
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