Coupe Budgétaire. Vincent Terrail-Novès suspend l’aide municipale à une manifestation littéraire de référence dans la métropole. Les organisateurs sont désemparés.
Par Julien Davenne.
À Balma, les écoles portent les noms de grandes figures des arts et des lettres. Marie Laurencin, Gaston Bonheur et Saint-Exupéry y sont ainsi célébrés. Le groupe scolaire José Cabanis rend hommage à l’académicien, mort en Octobre 2000 dans cette même cité. Cette année-là, la municipalité témoignait de son attachement aux belles Lettres, en lançant la première édition des « Rencontres du Livre et du Vin ». Au fil des ans, les Rencontres de Balma sont devenues une référence. Aujourd’hui, le monde littéraire est inquiet. La seule manifestation d’envergure de la métropole est en danger, comme en témoigne le site du salon qui, d’une phrase sibylline, annonce que les Rencontres 2015 ne sont pas encore programmées. Un salon littéraire, c’est une organisation. Inviter des auteurs (plus de 700 en 15 ans) se prévoit. Un plasticien est choisi pour créer l’Arbre à Palabre, œuvre qui fait le lien entre le livre et le vin. Il faut du temps, de l’anticipation, le tout bordé d’une volonté politique indéfectible. C’est bien cette dernière qui fait défaut. Le maire, Vincent Terail-Novès, n’a jamais fait preuve d’un grand enthousiasme pour ces Rencontres. S’il n’est pas l’ami des Lettres, il ne semble pas non plus être celui des chiffres. En 2013, il déclarait dans La Dépêche n’avoir jamais voté le budget d’une manifestation jugée trop onéreuse. Qu’importe si les chiffres avancés – plusieurs centaines de milliers d’euros – sont erronés, le coût pour la ville de l’édition 2014 s’élevant à 67 000 €. Jean-Antoine Loiseau, directeur littéraire des Rencontres, est désemparé. Depuis 15 ans, il est l’homme orchestre, celui qui organise, planifie, accueille, anime et parfois, tempère les égos.
Il faut serrer la vis
Durant trois jours, des milliers de visiteurs viennent tourner les pages et savourer auteurs et bonnes bouteilles. Jean-Antoine arpente de ses grands pas les travées du salon, serrant les mains, s’assurant du bien-être de tous et de chacun. Mais pour l’heure, il attend. Le maire ne tranche pas et se hâte lentement, lançant audits et réunions publiques. Pour celle du mardi 7 octobre, la salle était comble, attentive et grisonnante. Le maire cogne d’entrée sur les élus d’opposition, venus distribuer un tract dénonçant un « coup de com ». Le représentant du cabinet d’audit a une mission précise : asséner assez de chiffres, courbes et graphiques pour que le public en reste pantois. Il faut serrer la vis, faire 800 000 € d’économie par an, anticiper la baisse des dotations de l’État, considérer l’augmentation des dépenses fonctionnelles. Il faut serrer la vis. Mais Vincent Terrail-Novès a des projets. La résidence séniors, la gratuité du transport pour les plus de 65 ans, la rénovation de la piscine ? On le fera ! La caserne de pompiers, idem, d’ailleurs, c’est le Conseil Général qui paiera. La stratégie est la même en ce qui concerne les « Rencontres du Livre et du Vin ». Il confirme que la manifestation « est largement remise en cause ». Comme porte de sortie, il envisage de solliciter la métropole et des partenaires extérieurs, pour faire de « Nouvelles Rencontres de niveau peut-être régional ». Les choses sont dites. Le public rasséréné n’a pas moufté. Le bas de laine vaut bien une messe, même d’enterrement.
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