Mis en cause, ce jeudi 22 avril, dans un article du monde qui l’accuse de profiter de ses restaurants d’entreprise pour proposer une « restauration haut de gamme » en pleine pandémie, le médiatique chef toulousain Michel Sarran a souhaité se défendre d’attaques qu’il juge « scandaleuses » et qui relèvent, selon lui, de la « désinformation ».
Comment avez-vous réagi en découvrant l’article du Monde ?
J’avoue ne pas avoir compris cet article publié dans le Monde qui me semble complètement à charge. Je me suis senti attaqué de façon un peu scandaleuse car je suis toujours dans la légalité et j’essaie d’être le plus irréprochable. On a parlé de repas clandestins, mais je m’insurge contre ce traitement car c’est une forme de désinformation. Il ne s’agit pas de restaurants commerciaux mais de lieux de restauration collective. Tous mes restaurants, eux, sont bel et bien fermés. J’ai un temps pensé poursuivre en diffamation certains journaux, mais tous, à l’exception du monde, ont publié un droit de réponse. Si ça en reste là, je ne ferais rien. Ce que je déplore le plus, c’est qu’on ait voulu me faire passer pour un fraudeur alors que c’est faux.
Pouvez-vous préciser la différence ?
Je m’occupe de salles à manger dans le cadre de contrats avec une société de restauration collective. C’est une activité qui s’effectue dans un cadre tout à fait légal, avec la mise en œuvre d’un contrôle sanitaire strict. C’est de la cantine, il y a très peu d’invités et on peut même y servir des plateaux repas. Par ailleurs, les repas du soir ne sont pas interdits s’ils concernent des personnes qui travaillent avec des horaires décalés. Enfin, je n’y suis pas présent personnellement et la liste de ceux qui viennent y manger ne me regarde pas.
Comprenez-vous que ces réunions puissent choquer l’opinion, au-delà de la question légale ?
On montre du doigt les clubs, mais quand Airbus reçoit des membres d’une délégation étrangère ou un chef d’entreprise, faut-il également lui taper dessus ? Derrière, c’est pour vendre des avions et faire marcher l’économie. De même, si un ministre va déjeuner avec un président d’une fédération professionnelle, c’est pas pour échanger sur le gala de danse de Trifoully-les-Oies !
Pourtant, vous vous êtes prononcé, dans l’émission C à vous, contre l’organisation de repas dans « des instances, des ministères ou autres ».
C’est très différent. Je l’ai dit à propos de repas qui étaient organisés sans respect du protocole sanitaire. Moi-même, j’ai décliné une invitation à un repas où il y avait 60 convives. Dans ce cas, oui, c’est enfreindre la loi. Mais si les règles sont respectées, je n’ai pas de problème.
Et n’avez-vous pas l’impression que ces dîners d’affaire entretiennent un sentiment d’injustice de classe ?
On considère les ministres ou les présidents de fédération comme une élite. Mais faut-il les condamner ? Crier au deux poids deux mesures ? Dans toutes les entreprises, il y a des gens qui mangent à la cantine. Aujourd’hui, nous sommes tous dans la merde. Et, si demain, nous voulons réussir à prendre le train de la reprise économique, il faut bien que des gens travaillent dessus. Néanmoins, je comprends que les gens puissent se dire qu’il y a une injustice à ouvrir les lieux de restauration collective et pas les restaurants normaux. Mais, les enjeux et les impératifs économiques ne sont pas les mêmes. On ne pourrait pas ouvrir un restaurant commercial en se pliant aux mêmes exigences sanitaires. Cela ne serait pas rentable.
Curieusement, la plupart des invités déclarent ne pas se souvenir de ce qu’ils ont mangé lors de ces repas, au risque de faire passer votre cuisine pour insignifiante.
Ça conforte bien l’idée qu’ils ne viennent pas pour manger mais pour travailler. Il est même possible que certains aient mangé un plateau repas. Dans le club TP90, nous essayons de proposer une belle cuisine avec des repas soignés, mais nous ne servons pas non plus des plats à base de caviar ou de homard. S’il y en a qui ne se souviennent pas, je ne leur en veux pas, d’autant que moi-même je ne saurai pas vous dire ce que j’ai mangé il y a quinze jours. Mais je ne crois pas que ce soit de la mauvaise foi pour cacher ce qu’ils ont mangé. Certaines personnes sont sensibles à la gastronomie et d’autres non.
Cette polémique peut-elle vous pousser à vous retirer de ces collaborations ? Par exemple avec Airbus ?
Je suis engagé avec le club Airbus et je compte bien le rester. Quand on a des contrats, on les honore. Et je suis toujours très fier de signer des repas pour eux.
Aujourd’hui, vous vous adressez à plusieurs médias. Vous avez lancé un plan de communication de crise ?
Pas du tout. Je souhaite simplement que la vérité soit dite. Il est faux de prétendre que ces restaurants auraient dû être fermés. C’est de la désinformation.
Regrettez-vous votre coup de gueule poussé au cours de l’émission C à vous, qui vous a surexposé ?
Mon intervention dans cette émission a été utilisée pour me mettre en difficulté. Mais, je le répète, je dénonçais des pratiques illégales. Et je continue de déplorer qu’il y ait des profiteurs alors que la plupart des restaurateurs ont leur établissement fermé. Personnellement, je n’ai rien à me reprocher ni rien à regretter.
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