Député LREM de la 4e circonscription de Haute-Garonne, Mickaël Nogal assure, depuis le 13 mars dernier, le relais de l’information entre l’Assemblée nationale et le gouvernement sur les sujets liés à l’économie. Mesures d’urgence pour les entreprises, reprise du travail, premières leçons de la crise… Le porte-parole de la majorité répond aux questions du Journal Toulousain. Mickael Nogal, député LREM de la Haute-Garonne
En quoi consiste la nouvelle mission qui vous a été confiée au sein de la majorité ?
Il y a un peu plus d’un mois, le confinement s’est appliqué aussi aux parlementaires, qui exercent désormais en télétravail. Il a fallu mettre en place une organisation inédite sous la Ve République. Et j’ai été nommé pour faire le lien entre les députés LREM, les acteurs économiques et le gouvernement. Concrètement, je fais remonter du terrain les propositions de modifications ou d’améliorations nécessaires aux dispositifs mis en œuvre par l’exécutif pour soutenir les entreprises.
Quels sont-ils ?
D’abord, les mesures de chômage partiel, à hauteur de 25 milliards d’euros, qui concernent près de 10 millions de Français, pour lesquels l’État verse 84 % du salaire — à titre de comparaison, en un mois, 22 millions d’Américains ont perdu leur emploi et leur couverture sociale. Ensuite, un fonds de solidarité de 7 milliards d’euros a été mis en place pour les petites entreprises. Il a déjà été sollicité par un million d’entre elles. Citons entre autres, également, les prêts garantis par l’État, à hauteur de 300 milliards d’euros, dont 200 000 entreprises bénéficient à ce jour. Autant de dispositifs, efficaces, qui ont été très vite mis en œuvre, et qu’il a donc fallu adapter, parce que, forcément, il y avait des trous dans la raquette.
Par exemple ?
Pour accéder au fonds de solidarité, les entreprises devaient initialement justifier d’une perte de chiffre d’affaires de 70 %. Et bien, en fonction des besoins, nous avons abaissé ce seuil à 50 %. Il a fallu aussi réfléchir à la manière dont les dirigeants, les mandataires sociaux ou ceux qui ont un statut particulier pourraient bénéficier, au même titre que les salariés, de l’équivalent d’une assurance chômage. Nous nous sommes également penchés sur les problèmes techniques rencontrés par les chefs d’entreprise, notamment avec la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Dirrecte), leur unique interlocutrice en région.
Parallèlement, vous préparez la sortie du confinement et la reprise du travail…
Et pour que cela se déroule dans les meilleures conditions, nous anticipons les mesures à adopter dans chaque corps de métier, en étroite collaboration avec leurs représentants. Dans le secteur du bâtiment, à une caisse de supermarché, dans une boulangerie ou un centre équestre… des guides de bonnes pratiques sont élaborés afin de mettre en place les comportements adéquats et permettre la distanciation nécessaire pour se protéger du coronavirus.
Vous êtes intervenu directement auprès des assureurs pour qu’ils soutiennent davantage les entreprises ?
En effet, nous jugions leur engagement trop faible au regard de la situation. Et nous avons obtenu qu’ils consentent à 500 millions d’euros de remises commerciales et qu’ils couvrent le financement des entreprises à moyen et long terme, à hauteur d’un milliard et demi d’euros. Le gros travail dans les semaines à venir sera de créer un nouveau régime qui puisse couvrir le risque sanitaire, comme il en existe pour les catastrophes naturelles.
Quelles leçons économiques pouvons-nous d’ores et déjà tirer de cette crise ?
Je crois qu’il sera primordial de reconsidérer ce qui relève de l’intérêt vital de la nation. Le secteur de la santé en fait partie : il faudra relocaliser des activités, comme celle de la fabrication de masques. Et, plus globalement, assurer la souveraineté industrielle de l’Europe, qui me semble être la bonne échelle pour agir. La question des nationalisations n’est pas un tabou en la matière. Cela peut être un outil efficace pour préserver nos fleurons et faire en sorte, par exemple, que les Chinois n’en prennent pas le contrôle, en profitant de leur fragilité du moment. Enfin, la vigilance doit aussi être de mise en termes de sécurité numérique : cette crise nous montre que beaucoup reste à faire pour protéger nos entreprises.
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