À l’occasion du Mois de l’ESS, le JT explore l’univers des sociétés coopératives. Durant tout le mois de novembre, l’une d’entre elles sera mise à l’honneur chaque semaine. Aujourd’hui, il s’agit de Railcoop. Cet opérateur ferroviaire, basé dans le Lot, ambitionne de redynamiser les transports régionaux en train.
C’était un grand jour pour les 28 salariés de l’entreprise lotoise Railcoop. Le 15 novembre 2021, le premier train de fret de cette opérateur ferroviaire quittait la gare de Toulouse-Saint-Jory pour rallier celle de Capdenac, dans l’Aveyron. Récente sur le marché du rail, cette société coopérative s’est d’abord positionnée sur le transport de marchandises, avant de lancer ses premières lignes voyageurs. L’objectif étant de développer de nouvelles offres aux usagers du train. En effet, Railcoop ambitionne d’assurer des liaisons inter-régions directes.
Ce projet a vu le jour en novembre 2019, au moment où l’État ouvrait à la concurrence les ‘’trains d’équilibre du territoire’’, autrement dit les liaisons inter-régionales. Celles-ci sont très peu assurées par la SNCF, voire pas du tout à certains endroits. Par exemple, il n’existait pas, jusqu’à présent, de lignes permettant de rejoindre Lyon depuis Bordeaux, sans passer par Paris. Railcoop s’apprête justement à assurer ce trajet dès décembre 2022.
« Notre but est de relier les villes moyennes entre elles », précise Dominique Guérrée, président de la société coopérative. Il confie d’ailleurs que « les liaisons Lyon-Thionville et Toulouse-Rennes sont dans les cartons ». Elles devraient être ouvertes en décembre 2024.
Un développement du transport des voyageurs sur lequel est basé le modèle économique de l’entreprise. Mais, soucieuse de promouvoir une mobilité moins émettrice de gaz à effet de serre, Railcoop investit également le marché du fret, en concurrence directe avec la route. En effet, l’entreprise vient d’ouvrir une première ligne de transport de marchandises entre les gares de Viviez-Decazeville, Capdenac dans l’Aveyron et Saint-Jory.
Une navette qui permet d’acheminer les matériaux et productions des PME de la Mecanic Vallée (plus de 200 entreprises implantées sur un large territoire couvrant les départements de l’Aveyron, du Lot, de la Corrèze, de la Haute-Vienne, du Cantal et de la Dordogne), vers Toulouse, à l’aide d’un mode de déplacement moins polluant que les camions. Pour l’instant, cette navette ne circule que deux jours par semaine, « mais, à terme, elle sera assurée du lundi au vendredi », confirme Dominique Guérrée.
Un marché du transport de voyageurs et de marchandises qu’il n’a pas été aisé d’investir. « Nous avons d’abord éprouvé le projet sous un statut d’association pour nous assurer de sa faisabilité. Puis, nous avons dû nous procurer le matériel », se rappelle le président de Railcoop. Car un train ne se trouve pas aussi facilement qu’une voiture d’occasion. Ainsi, les wagons et les locomotives de fret ont été loués à des entreprises spécialisées, tandis que les rames pouvant accueillir des voyageurs ont été achetées à la Région Auvergne-Rhône-Alpes et à la SNCF Voyageurs. Quant à l’exploitation du réseau ferré, il aura fallu des heures « d’âpres négociations avec SNCF Réseau pour obtenir des sillons (horaires de passage d’un train) », confie Dominique Guérrée. Sans oublier de s’acquitter du droit de péage ferroviaire pour pouvoir circuler sur les rails.
Une logistique définie par la communauté des sociétaires de la coopérative. Collectivités, entreprises, associations, salariés ou simples citoyens, ils sont 10 000 à avoir pris part au projet en entrant au capital de Railcoop. « Nous avons choisi ce statut de Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) pour ouvrir les réflexions prospectives à chaque partie prenante de l’entreprise. Nous misons ainsi sur l’intelligence collective. Nous organisons d’ailleurs des commissions où les sociétaires apportent leurs compétences et leurs observations quant au développement de Railcoop », explique son président. Du choix de la couleur des rames aux ligne à venir, chacun participe à l’évolution du projet. Avec pour objectif commun de « redonner du sens à la mobilité ferroviaire ».
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