17 personnes ont été mises en garde à vue suite au démantèlement d’un réseau de fraude au pass sanitaire à Muret. Parmi les bénéficiaires, des personnels de santé, soumis à l’obligation vaccinale.
L’affaire remonte au 6 octobre dernier, quand le personnel médical du centre de vaccination de Muret repère des anomalies dans l’enregistrement des patients vaccinés. Ce qui leur met la puce à l’oreille ? Les praticiens réalisant les injections ne se souvenaient pas avoir vu les personnes se trouvant sur la liste des vaccinés, patients qui d’ailleurs, ne résidaient pas sur la commune. Les dossiers suspects ont alors été ouverts. Et les numéros des lots de vaccin renseignés correspondaient à des doses qui n’ont jamais été livrées au centre ou injectées à des dates qui ne coïncidaient pas.
Le 8 octobre, une plainte est déposée, ce qui déclenche une enquête de la brigade des recherches de la gendarmerie de Muret. Celle-ci a tôt fait d’identifier une opératrice, chargée de référencer les personnes vaccinées sur le site Ameli, qui travaillait systématiquement au moment où les noms suspects ont été enregistrés.
Ainsi, ce sont près de 140 personnes, qui auraient bénéficié d’un pass sanitaire suite aux inscriptions frauduleuses de la jeune femme. Elle générait des documents au nom de patients attestant faussement d’une vaccination. « Ce trafic était organisé par plusieurs personnes, impliquées à différents niveaux, dont faisait partie l’opératrice interpellée. Les “vrai-faux” pass étaient revendus entre 100 et 380 euros pièce, soit à des relations proches des mis en cause, soit après une publication d’une annonce publicitaire sur le réseau Snapchat », précise le procureur de la République.
Et parmi les acheteurs, se trouvent des personnels soignants, soumis à l’obligation vaccinale depuis le 15 octobre dernier. Des aides-soignantes, des employés d’Ehpad, des kinésithérapeutes, des préparatrices en pharmacie, des dirigeants d’entreprises de désinfection Covid, du personnel de sécurité en milieu hospitalier…
Suite à l’enquête, le 20 octobre, les gendarmes de Muret ont interpellé et placé en garde à vue trois des cerveaux présumés du trafic. Deux d’entre eux, ont été déférés au parquet ce vendredi 22 octobre, pour « escroqueries par personnes chargées d’une mission de service public et complicité d’escroquerie ». Entre temps, ce jeudi 21 octobre, 14 acheteurs des pass sanitaires frauduleux ont également été placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés de « recel d’escroquerie et mise en danger délibérée d’autrui », et seront traduits en justice prochainement. « Une attention particulière sera donnée à ceux qui ont contourné l’obligation vaccinale à raison de leur emploi dans le secteur de la santé », confie le procureur de la République.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
Voir les publications de l'auteurÀ lire aussi sur le même sujet :
Actualités en continu - Actualités
Commentaires