2X1 voie, 2X2 voies, avec des voies réservées aux bus ou non…Les tergiversations autour du projet de nouveau pont sur la Garonne, au Nord de Toulouse, irritent certains élus.
“Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup”, souffle Jean-François Portarrieu, député de Haute-Garonne. Engagé de longue date sur ce “serpent de mer” qu’est la création d’un nouveau pont sur la Garonne pour désenclaver le Nord de l’agglomération toulousaine et désengorger la rocade, l’élu peine à masquer ses craintes sur les avancées concernant ce dossier. Il y a quelques jours, il a réuni les maires du Nord Toulousain “de tous bords politiques” pour enjoindre Toulouse Métropole et le Conseil départemental de Haute-Garonne, cofinanceurs du projet à parts égales, à engager le plus rapidement possible les travaux. Face à l’urgence de la situation, le pont de Gagnac – le seul à permettre de franchir la Garonne entre ceux de Blagnac et de Grenade, une trentaine de kilomètre plus au nord – étant saturé et vétuste, les élus indiquent “qu’ils n’accepteront pas de voir ce projet retardé”.
Un coup de pression clairement adressé au Département, soupçonné par Jean-François Portarrieu de manquer de clarté. En effet, alors que la nécessité du projet, qui consiste, au delà du franchissement de la Garonne entre Saint-Jory et Merville, à relier l’autoroute Toulouse-Bordeaux, au niveau de l’échangeur de Castelnau-d’Estrétefonds, au nouveau parc des Expositions via le prolongement de la Voie lactée et le contournement de Seilh, semble faire l’unanimité, celui-ci a pris ces derniers temps une tournure polémique. Le Département et Toulouse Métropole se renvoyant la balle sur le retard pris par le projet.
Pour comprendre le nœud du problème, il faut revenir quelques années arrière. Piloté jusqu’alors par le Conseil départemental, le dossier d’un nouveau franchissement de la Garonne a été transféré à la Métropole en 2017. En décembre 2020, cette dernière votait une délibération actant le fait qu’elle en assurerait la maîtrise d’ouvrage. Sauf qu’entre temps, le projet était passé d’un aménagement à 2X1 voie à 2X2 voies. Et c’est visiblement sur ce point précis que le bat blesse. “Lors du premier comité de pilotage organisé par Toulouse Métropole en mars 2020, la proposition de la représentante du Département était de 2X1 voie. Aujourd’hui, j’attends toujours une confirmation, le problème est qu’on ne sait pas quelle est la position du Département”, s’agace Jean-François Portarrieu, fervent partisan d’un aménagement à 2X2 voies.
Contacté, le Conseil départemental confirme que les études réalisées sous son égide lorsqu’il avait la compétence du projet, et qui ont été transmises depuis à Toulouse Métropole, prévoyaient un gabarit à 2X1 voie. “Compte tenu de la complexité de cet aménagement et de ses contraintes urbaines et environnementales, et afin d’accompagner le développement des mobilités douces, le CD 31 prône d’ajouter des voies réservées aux bus et aux vélos”, fait toutefois savoir la collectivité. Tout en précisant qu’il s’agit d’une “préconisation” et en “aucun cas un préalable”. Préconisation, quoi qu’il en soit, loin de trouver grâce aux yeux du député LREM. “D’accord pour une piste cyclable mais une voie réservée aux bus en dehors du territoire de Tisséo, cela n’a aucun sens”, assure-t-il. Le parlementaire, également membre de la majorité à Toulouse Métropole, n’en démord pas : “nous ne voulons pas d’un pont de pacotille !”. Il souhaite un démarrage des travaux dès 2024, avec le contournement de Seilh.
Du côté du Conseil départemental, on s’en remet désormais à Toulouse Métropole. La collectivité indique ainsi que le choix final du projet se fera en fonction des études que va réaliser son cofinanceur et maître d’ouvrage. Elle assure également être “pleinement engagée pour faire avancer ce grand projet pour le Nord-Toulousain” et dit désormais attendre les prochaines étapes et le calendrier de Toulouse Métropole. A suivre.
Commentaires
LEBLOND le 12/03/2025 à 11:46
Le fameux pont qui doit enjamber la Garonne à hauteur de Merville devait voir le jour en 2014
A cette époque, il devait coûter dans les 400 millions d'euros et maintenant avec les 2 fois 2 voies, ça doit avoisiner les 700 millions d'euros. Après 7 ans, tout à sérieusement augmenté. Je propose que vous fassiez une carte pour les gens intéressés de 100 euros/an (ou un péage temporaire) et pour les autres, tarif autoroute.
un résidant aussonnais