La préfecture d’Occitanie a annoncé l’arrêt des expérimentations de nouvelles trajectoires de décollage des avions au Sud de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. En revanche, elles se poursuivent au Nord. Les riverains impactés par les nuisances aériennes dénoncent le manque de concertation et le défaut de prise en compte de la réalité qu’ils vivent au quotidien.
©Pxhere« D’une dizaine d’avions par jour avant l’expérimentation, nous sommes passés à une centaine », constate Marjorie Bataille, présidente du Collectif couloir aérien Plaisance. Elle vit sous les nouvelles trajectoires de décollage face au Sud des appareils de l’aéroport Toulouse-Blagnac, testées par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) depuis le 23 mai 2019. Alors, les habitants impactés par les nuisances sonores engendrées par ces nouveaux couloirs aériens avaient manifesté leur indignation. « Il n’y a eu aucune concertation avec les communes concernées. Sans compter que la DGAC a pris la décision de lancer ces expérimentations sans que personne n’en soit informé », fustige Marjorie Bataille.
Alors, à l’annonce de l’arrêt de ces tests par la préfecture d’Occitanie, ce mardi 30 juin, les membres du collectif se disent soulagés. Toutefois, ils restent mobilisés car l’interruption ne sera sûrement que temporaire. Un répit qu’ils comptent bien mettre à profit. « Nous allons demander l’instauration d’une concertation. Car c’est là le principal problème », estime la présidente de l’association. « Si nous avions eu droit à la parole, nous aurions pu préciser que notre seul voeu était de revenir à la situation précédente », commente-t-elle.
Le Collectif couloir aérien Plaisance réclame en effet que « les nuisances soient partagées ». Ils disent comprendre les raisons de l’expérimentation : un problème de sécurité pour l’aéroport où les trajectoires respectives des vols généraient des alarmes intempestives sur les écrans des contrôleurs aériens. Mais ils souhaiteraient que les avions continuent de décoller sur plusieurs couloirs à l’Ouest, plutôt que sur un seul au Sud. « N’envisager qu’un seul couloir concentre toute la nuisance sur une seule commune, ou presque, alors que l’étalement de plusieurs trajectoires, comme c’était le cas avant, permettrait de les répartir », avance Marjorie Bataille.
De son côté, la préfecture se dit ouverte à la concertation : « Cette période d’interruption sera mise à profit pour reprendre les études, analyser les vols et tirer les leçons des phases successives de l’expérimentation, de façon à pouvoir proposer à la concertation un dispositif d’expérimentation, quand le moment sera venu. »
Concertations dont n’ont pas non plus bénéficié les riverains se trouvant sous les nouvelles trajectoires testées au Nord cette fois. Mais pour eux, la situation est différente, car une enquête publique est en cours. L’expérimentation ne peut donc pas être stoppée. « Nous ne sommes pas surpris, d’autant que le commissaire-enquêteur avait préconisé son prolongement », note Valérie Sanchez de l’association Daux Environnement.
L’objectif de ces tests, au Nord, était de soulager les habitants de Merville notamment, des nuisances sonores. « Mais quel est l’intérêt de déplacer les trajectoires sur d’autres communes ? De déshabiller Pierre pour habiller Paul ? » s’interroge la porte-parole du mouvement. « D’autant que les riverains se trouvant sous les anciennes trajectoires s’y sont installés en toute connaissance de cause eu égard au Plan d’exposition au bruit (PEB). Ceux vivant dans les nouveaux couloirs ne s’attendaient à y être confrontés », poursuit-elle.
Car, à Daux, entre 6h et 9h du matin, puis entre 17h et 19h, un avion passe toutes les trois minutes depuis le début de l’expérimentation le 23 mai 2019. « Une gêne que nous ne pouvons plus accepter », lance Valérie Sanchez, qui demande l’arrêt des tests, comme cela a été le cas au Sud. Elle réclame également la communication des données brutes ayant servi à l’élaboration du dossier de l’enquête publique. Car elle dénonce la manière dont a été menée cette dernière : « Elle est basée sur des informations modélisées et non sur la réalité du terrain. »
Une rencontre avec le Service de la navigation aérienne Sud (SNA-Sud), organisée cette après-midi, devrait permettre aux associations de défense des riverains de disposer d’éléments supplémentaires concernant la poursuite, ou non, de ces expérimentations et d’exiger une concertation. « Le but étant de trouver un compromis pouvant satisfaire chacune des parties », termine Marjorie Bataille.
Commentaires