Les 110 000 salariés de la filière aéronautique en Occitanie sont appelés à se mobiliser, ce jeudi 9 juillet, contre les menaces de licenciements.
À midi, ce jeudi 9 juillet, les salariés de la filière aéronautique sont appelés par la CGT à cesser le travail et manifester dans quatre villes de la région Occitanie : Pamiers, Tarbes, Figeac et Toulouse. Dans la ville Rose, le cortège ira du rond-point Émile-Dewoitine jusqu’à l’aéroport de Toulouse-Blagnac. « Il ne s’agit pas de lutter contre le plan social d’une entreprise en particulier, l’enjeu est bien plus grand. Il s’agit de sauver toute une filière économique, du donneur d’ordre au sous-traitant… et de sauver un territoire. On parle de 110 000 emplois directs en Occitanie », rappelle Frédéric Birobent, membre du comité CGT Occitanie.
Alors que le secteur bénéficie d’un plan de soutien global de 15 milliards d’euros, les plans sociaux se multiplient. Chez les géants Airbus, Safran, Derichebourg, ou Daher, comme chez les plus petits Scalian, Blanc Aéro, Expleo… une liste qui s’allonge tous les jours, au grand dam du syndicaliste. « Il n’y a pas de réalité aux arguments économiques présentés par les directions. En effet, sur 7600 avions commandés, seuls neuf d’entre eux ont été annulées. Même s’il y avait un ralentissement, avec 900 appareils produits par an, nous aurions largement de quoi tenir. C’est pourquoi nous défendons l’idée du zéro licenciement. ».
Derrière les annonces, Frédéric Birobent perçoit et dénonce une stratégie économique malveillante : « Il y a la volonté d’instrumentaliser la période que nous traversons en agitant la peur. En direction des salariés, mais aussi du gouvernement, afin de profiter de nouvelles aides financières. Nous sommes en présence d’un effet d’aubaine jamais vu, scandaleux, incroyable. On nous le raconterait qu’on ne le croirait pas. C’est une escroquerie qui montre le pire visage du capitalisme. » Le représentant affirme, en outre, que la majorité des entreprises aéronautiques n’a pas eu besoin de puiser dans leur trésorerie pour faire face à la crise sanitaire. Pour lui, la stabilité des cours de bourse des principaux acteurs est une preuve de leur solidité financière. « Le capital est rassuré sur les rendements à venir ».
Dans un document de 4 pages largement diffusé aux salariés de la filière, la CGT souligne par ailleurs que la période de la pandémie a d’abord pesé sur les salariés. « Il y a eu des abandons de RTT ou de congés. Et une réduction du salaire consécutive aux mesures d’activité partielle. Ces dernières étant d’ailleurs supportées par les travailleurs, puisqu’elles sont financées par leurs cotisations sociales », résume Frédéric Birobent. Celui-ci compte sur « un éveil des consciences : avec la crainte de perdre leur emploi, les gens seront davantage attentifs et se tourneront naturellement vers les organisations syndicales. Et certains de nos discours, qui n’étaient peut-être pas audibles avant, le deviendront. »
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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