Sur d’anciennes terres industrielles proches de l’ex usine AZF, la métropole toulousaine envisage la construction d’une centrale photovoltaïque géante d’ici fin 2019. Signe encourageant : le projet a été retenu cet été dans le cadre d’un appel d’offres du ministère de la Transition écologique.
Après la Prairie des filtres, il faudra bientôt parler de la grande prairie de l’Oncopole. Et cette fois, en fait d’espace vert, il s’agit d’un grand projet de centrale photovoltaïque au sol porté par la métropole toulousaine. Annoncée depuis plusieurs années, cette centrale s’étalerait sur 19 hectares entre le site de l’Oncopole et l’ancien complexe industriel d’AZF, avec une puissance optimale de 15 mégawatts, couvrant les trois quarts des besoins de l’éclairage public de la ville.
Cédés à la métropole par Total après la catastrophe AZF, ces terrains fortement pollués ne pouvaient pas accueillir d’autres constructions, en dépit de la couche de terre déposée en surface. De quoi enthousiasmer la Commission de régulation de l’énergie, qui a sélectionné le 11 juillet dernier le dossier toulousain en première position du quatrième appel d’offres pour le développement de projets photovoltaïques au sol de grande puissance.
« Avec l’inauguration en 2014 de l’usine hydroélectrique de la Cavaletade en amont de l’île du Ramier, nous avons atteint notre maximum de production par ce moyen », précise Émilion Esnault. Le conseiller municipal en charge de l’éclairage public s’est passionné pour ce projet photovoltaïque qui conduirait à « quasiment doubler la production d’électricité verte de la régie municipale ». De plus, les architectes ont apporté une touche artistique afin « d’assumer complètement la démarche et faire quelque chose d’esthétique ». Selon l’étude d’impact, la coloration rouge et jaune d’une partie des 35 000 panneaux viendrait dessiner de loin la forme d’un soleil émergeant du fleuve, visible depuis les coteaux de Pech-David et du futur téléphérique toulousain.
Au sein du conseil métropolitain, en dehors de l’abstention des élus communistes, ce projet a plutôt fait l’unanimité. Ainsi, Antoine Maurice, élu écologiste d’opposition souvent critique à l’égard de la majorité, salue un « projet plutôt pertinent » où « les pouvoirs publics restent majoritaires », contrairement à d’autres réalisations entièrement privés. Ici, il s’agira bien d’une société par actions simplifiée (SAS) rassemblant public et privé, dans lequel « les collectivités resteront majoritaires », assure Émilion Esnault, en participant à hauteur de 2 millions d’euros sur les 4 injectés au capital de départ.
Le reste sera pris en charge par la société UrbaSolar, basée à Montpellier, qui développera le projet et son chantier pour un coût total de 16 millions d’euros. La dette engagée sera ensuite remboursée par les recettes de l’installation. C’est là un des points qui demeurre incertain : les pistes de financement pour la collectivité balancent encore entre une partie de la revente directe d’électricité à EDF ou la seule location des terrains à la future SAS. Reste également le risque d’inondation : une zone tampon est prévue avec la Garonne et les panneaux seront eux-mêmes surélevés « pour permettre à l’eau de s’étendre au sol », même en cas de crue centennale. Des éléments qui « seront pris en compte », assure Émilion Esnault, d’ici à la mise en service, envisagée pour la fin 2019.
Grégoire Souchay
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