DIPLOMATIE – Être bourreau ou victime ? La problématique des prédateurs se résume souvent à ce choix binaire. Depuis deux décennies, ours et loups invitent l’homme à s’interroger sur sa place dans la nature. Lui-même prédateur, doit-il la maîtriser pour préserver ses intérêts ou s’effacer se considérant comme une composante, parmi d’autres, de la biodiversité ? Entre la voie de l’abattage pur et simple de ces animaux considérés comme nuisibles pour les troupeaux ou celle d’une préservation absolue, des éleveurs, des naturalistes, des chercheurs tâtonnent à la recherche d’un équilibre. Cohabitation y es-tu ?
Un cadavre gisant au sol, des coups de griffes ou de dents sur le flanc ou le cou. C’est dans cet état que des éleveurs retrouvent parfois leurs brebis au petit matin. En Occitanie, on soupçonne rapidement deux coupables potentiels : l’ours ou le loup. Ces grands prédateurs sont de retour dans la région depuis les années 1990, non sans provoquer certaines tensions.
Le loup est revenu naturellement en France par l’Italie. Selon la dernière campagne de comptabilisation réalisée en 2016 par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) organisme public chargé du suivi des populations, la France compterait 360 individus. Un chiffre en augmentation.
En Occitanie, le loup a été observé dans plusieurs départements dès les années 1999, 2000. Le dernier bulletin du Réseau loup-lynx publié en juin 2017 par l’ONCFS n’établit pas le nombre précis d’animaux, mais indique qu’il s’agit « d’individus isolés ». Il n’y aurait donc pas de meutes ce qui rend les canidés « moins performants dans la prédation envers les troupeaux » explique-t-on à l’ONCFS. Cela n’empêche pas les attaques. Depuis le début de l’année 2017, selon un bilan provisoire dressé par l’organisme, 310 ont été enregistrées dans la région qu’elles soient directement ou potentiellement attribuables à l’animal.
La population d’ours a elle été soutenue par l’État français via la réintroduction de spécimens slovènes. On en compte, à l’heure actuelle, 39 dans les Pyrénées. Bien qu’omnivore, le plantigrade entre aussi en interaction avec les élevages. Selon le Réseau ours brun (Rob), « depuis 2006, sur l’ensemble du massif, la tendance générale des attaques sur le bétail domestique est stable ». Mais d’après l’Association pour le développement durable de l’identité des Pyrénées (ADDIP), opposée à la réintroduction de l’ours, 300 brebis seraient mortes depuis mi-juillet suite à des attaques de l’animal. De quoi raviver la colère de certains éleveurs. Les élus du Conseil départemental de l’Ariège, opposants historiques à la réintroduction, ont de leur côté fait parvenir en août dernier, une demande officielle à l’État de « rendre les ours à leur pays d’origine» et ont appelé à des « états généraux du pastoralisme ».
L’État doit aussi gérer la colère de certains éleveurs face au loup et jongler entre les obligations nationales et européennes qui contraignent la France à garantir un « état de conservation favorable » de cette espèce protégée tout en préservant les brebis des attaques. Outre une aide au financement des mesures de protection (barrières électriques, chiens de garde, etc.), il a de nouveau autorisé le tir de 40 prédateurs pour 2017-2018. Une mesure contestée par le collectif des associations pour la protection du loup en France (CAP loup) estimant qu’ « ils mettent en péril l’espèce et n’empêchent pas la prédation ». Le gouvernement a également annoncé qu’il lançait « une concertation à partir de la rentrée » pour aboutir au plan-loup en janvier 2018.
ONCFS
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