Bien que le nombre de dons d’ovocytes et de spermatozoïdes soit en hausse en Occitanie, il est loin d’être suffisant. Une campagne nationale est lancée pour sensibiliser et informer sur le don de gamètes.
En 2018, 71 enfants sont nés grâce à un don d’ovocytes ou de spermatozoïdes, dans la région Occitanie. Mais 213 couples stériles étaient toujours en attente, alors même que le nombre de donneurs avait augmenté de 21% en trois ans. « Ce chiffre va s’effondrer avec la crise sanitaire. Parce que les laboratoires ont dû fermer en partie durant le premier confinement et parce que les gens ont autre chose à penser en ce moment. Je n’ai eu que trois volontaires ces derniers mois », témoigne le Professeur Louis Bujan, andrologue et biologiste de la reproduction, à la tête du pôle Femme-mère-couple de l’hôpital Paule de Viguier de Toulouse.
C’est pourquoi l’Agence de la biomédecine lance une campagne nationale, jusqu’au 6 décembre, afin de sensibiliser et d’informer sur le don de gamètes. « Le but est de motiver les gens susceptibles de donner. C’est un acte désintéressé, généreux, altruiste », souligne Louis Bujan. Selon le baromètre d’opinion réalisé par l’Agence cette année, les trois quart des Français sont favorables au don de gamètes et une personne sur deux en âge de donner se déclare prête à passer à l’acte. Pour autant, seulement 27 % des sondés se disent bien informés sur le sujet. « Il faudrait faire constamment campagne dessus, sous diverses formes. Et puis l’on devrait l’ajouter au programme d’éducation sexuelle à l’école », propose le professeur.
Ce dernier rappelle que depuis 2016, le don est ouvert aux personnes n’ayant jamais procréé. Que s’il n’est pas rémunéré, les frais qu’il pourrait entraîner (transport, perte de salaire ou de garde d’enfant) sont indemnisés. Ce sont les femmes qui sont les plus généreuses : en Occitanie, en 2018, elles étaient une trentaine parmi les donneurs, contre une vingtaine d’hommes. Toutefois, un seul don de sperme peux entraîner jusqu’à dix naissances. En France, près de 5 000 couples sont touchés par une infertilité médicale et sollicitent chaque année un don d’ovocytes ou de spermatozoïdes. « Ceux que nous recevons en consultation viennent de toute la région Occitanie. 60% d’entre eux ont déjà eu des traitements qui n’ont pas fonctionné, parfois pendant 3 ou 4 ans. Ils subissent beaucoup d’épreuves et leur stérilité est une souffrance considérable », décrit Louis Bujan.
La campagne de l’Agence de la biomédecine insiste sur le fait que « c’est le cadre actuel de la loi qui continue de s’appliquer pour le don de gamètes (…) jusqu’à la promulgation de la nouvelle loi de bioéthique, actuellement en discussion au Parlement. » Celle-ci devrait radicalement changer la donne. Elle prévoit en effet que toutes les femmes, quel que soit leur statut, aient accès à l’assistance médicale à la procréation, « ce qui va faire augmenter la demande de 50% », estime le Professeur Bujan. Mais cette loi lèverait dans le même temps l’anonymat du donneur, « ce qui fera chuter l’offre. Nous serons alors face à un vrai problème ».
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