Dans son enquête annuelle, le Secours Populaire dresse un constat alarmant sur la précarité et la pauvreté en France. L’association redoute « une crise sociale d’ampleur ».
Les résultats de la 15e enquête annuelle d’Ipsos pour le Secours Populaire sur la précarité et la pauvreté en France sont alarmants. « Ils mettent en évidence les prémices d’une crise sociale d’ampleur », estime l’association. Celle-ci constate que la précarisation des plus fragiles s’est accélérée. « Des personnes qui jusqu’à présent étaient sur le fil… et qui ont basculé dans la précarité. D’autres sombrent dans la précarité alors que rien ne pouvait le présager ». En effet, près d’un Français sur deux (45%) déclare avoir subi une perte de revenu pendant la crise sanitaire. Un sur trois éprouve des difficultés à payer un loyer, un emprunt, ou une mutuelle santé. « Le reste à vivre moyen des personnes que nous accueillons, c’est à dire ce qui leur reste après avoir payé leurs charges fixes, est passé de 3,09 euros à 1,79 euros par jour », témoigne Aubane Saboureau, chargée de projets à l’antenne toulousaine du Secours populaire. Ainsi, pour ce dernier, le sentiment de vulnérabilité s’est aggravé par rapport aux années précédentes. « Se maintenir demande un effort constant face aux privations marquées et l’angoisse permanente du petit imprévu qui suffit à les faire basculer ».
Aujourd’hui en France, plus de 9,3 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Celui-ci, qui correspond à 60% du revenu médian en 2018, est officiellement de 1 063 euros. Cependant, les Français imaginent que ce seuil est plus élevé. Lorsque le Secours Populaire leur demande en dessous de quel revenu ils considèrent qu’une personne seule est pauvre, ils répondent 1 175 euros. À titre de comparaison, le Smic est actuellement fixé dans le pays à 1 231 euros net par mois.
Les deux tiers des personnes vivant sous le seuil de pauvreté interrogés dans cette enquête expliquent qu’il leur arrive régulièrement de ne plus savoir sur quelles dépenses faire des compromis, car ils ont déjà réduit tout ce qui pouvait l’être. « Quand on est parent, cela veut dire se priver régulièrement, y compris de nourriture, pour ses enfants. Sans parler des vacances, loisirs ou même coiffeur, qui sont inaccessibles ». Un tiers craint régulièrement de perdre son logement. Et, en cas de nécessité absolue, seulement un sur deux est certain qu’il pourrait disposer d’un endroit où se loger ou d’une aide alimentaire.
Dans un tel contexte, près de 8 Français sur 10 continuent de penser que leurs enfants auront plus de risques qu’eux de tomber dans la pauvreté. Mais l’optimisme progresse légèrement : « Une situation probablement due à l’amoindrissement des craintes à l’égard des conséquences de la crise sanitaire », selon le Secours Populaire. En 2020, l’association humanitaire a soutenu près de 3 millions et demi de personnes en difficulté en France métropolitaine. À Toulouse, la demande a augmenté de 70% avec la crise sanitaire et de 45% dans le département de la Haute-Garonne. Le chiffre le plus réconfortant de cette étude est certainement celui de la mobilisation des Français contre la pauvreté : les deux tiers sont prêts à s’impliquer personnellement pour agir.
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