Le ministère de l’Intérieur annonce qu’il va mettre à la disposition du ministère de la Santé les stocks de masques FFP2 (périmés ou non) présents dans les services de police. Voici le témoignage d’un policier, vent debout, qui n’ira pas sur le terrain sans masque.
« Si on nous retire les masques, on va à l’abattoir », s’inquiète ce policier qui exerce au commissariat Nord de Toulouse. Il a fait un bon à l’annonce, ce jeudi 26 mars, par le ministère de l’Intérieur, de la mise à disposition du ministère de la Santé des stocks de masques FFP2 (périmés ou non) présents dans les services de police. « Je comprends que les personnels de santé soient prioritaires. Mais, en tant que policier, je refuserai de travailler sans masque », indique-t-il, répondant ainsi à l’appel du syndicat Unité SGP Police. Ses collègues et lui ne manquent ni de gel hydroalcoolique ni de gants, mais les masques arrivent au compte-goutte. « Chez nous, c’est la débrouille », confie ce policier qui compte une vingtaine d’années de carrière.
Sur le terrain, il a du mal à appliquer les gestes barrière. « On nous dit de garder nos distances, or ce n’est pas toujours possible. » Il raconte comment, le matin même, une personne qui n’avait pas d’attestation de déplacement lui a craché dessus quand il l’a verbalisé. « Les gens gardent en tête ce que j’appelle le contentieux des gilets jaunes et nous méprisent souvent ». Sa profession commence à payer le tribut du coronavirus, dont plusieurs cas se seraient déclarés parmi les motards et la brigade de protection des familles de Toulouse. « Mais comme aucun test n’est effectué, on reste dans la suspicion et c’est ainsi que des policiers contaminés vont au-devant du public. »
Cet après-midi il est en stand-by, c’est à dire en confinement opérationnel : les policiers alternent sur un même poste, sans jamais se croiser. Un dispositif qui évite la contamination, mais qui réduit d’un tiers les effectifs des patrouilles. « Aujourd’hui nous ne sommes plus que deux par véhicules, au lieu de trois. Ce n’est pas assez, surtout dans les Zones de sécurité prioritaire, où la population respectent moins qu’ailleurs les mesures de confinement », témoigne celui qui exerce principalement dans les quartiers du Mirail, des Isards ou d’Empalot. Il y constate l’installation d’un marché noir des masques de protection — qui sont par ailleurs utilisés par « les guetteurs à l’entrée des cités » pour ne pas être reconnus — et la recrudescence du trafic de drogue : « Les dealers s’en donnent à cœur joie et se fichent de nos contraventions, qu’ils n’ont pas l’intention de payer. » Les sanctions en cas de non-respect du confinement allant de 135 à 3700 euros d’amende et jusqu’à six mois d’emprisonnement. « Je doute que l’état puisse recouvrir l’ensemble de ces sommes. Et je ne crois pas que la peine de prison sera appliquée », glisse le policier.
La rédaction
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