« Globalement, la situation est stable, mais il y a quand même des éléments qui restent préoccupants et qui représentent un enjeu important pour les années à venir. » Voici comment Dominique Tilak, directrice d’Atmo Occitanie, résume dans les grandes lignes le premier bilan de la qualité de l’air, que vient de présenter l’observatoire régional.
Pas de panique donc, mais la nécessité d’une réelle prise de conscience. Car dans le détail, si en environnement urbain, l’ozone est le seul polluant pour lequel les valeurs réglementaires ne sont pas respectées, ce sont les abords des principaux axes routiers qui posent problème. On y enregistre des valeurs au-delà des limites pour la protection de la santé au niveau du dioxyde d’azote et des particules fines. « Le dépassement en ce qui concerne le dioxyde d’azote est problématique sur l’ensemble des agglomérations et encore plus à Toulouse », précise Dominique Tilak.
Concernant les particules fines, liées à la circulation ou au chauffage au bois, la tendance sur les dernières années est tout de même à la baisse, en raison de « conditions climatiques plus chaudes en hiver, mais peut-être aussi de l’évolution du parc automobile à propos de laquelle nous n’aurons de véritables données qu’en 2018 », assure la directrice.
Parmi les signes positifs, le bilan montre également qu’il y a eu en 2016 moins d’épisodes de pics de pollution qu’en 2015 – 36 contre 40. Un nombre toutefois élevé et en grande majorité dû aux particules en suspension présentes en fin d’année, notamment dans la zone pyrénéenne.
Afin de rendre visibles les enjeux liés à la qualité de l’air, l’Atmo présente également des cartes identifiants les zones en dépassement de valeurs,tous polluants confondus. À l’échelle de l’agglomération toulousaine, la population exposée est estimée entre 9000 et 18 000 personnes, pour l’essentiel aux abords des principaux axes routiers. « Ce sont des moyennes annuelles qu’il faut donc relativiser. Les risques pour la santé interviennent surtout aux heures de pointe ou lors d’embouteillages. Il y a donc des précautions à prendre individuellement, mais aussi au niveau de l’aménagement du territoire ou de l’urbanisme, en évitant de densifier encore ces zones », préconise Dominique Tilak.
Car derrière la qualité de l’air, il est bien sûr question de santé publique. « Les appels de patients sont forcément plus fréquents au moment des pics de pollution, le lien est évident », assure Christophe Raspaud, pneumologue président de l’association Mai Poumons. « Quel que soit le polluant, ce sont tous des irritants pour le système respiratoire, les bronches et les poumons. La pollution peut avoir des effets immédiats très aigus selon les pics. Elle entraîne aussi des conséquences moins visibles, plus chroniques. De plus, un lien a été scientifiquement établi entre bronchites chroniques et pathologies cardiaques. Le poumon est un filtre qu’il faut préserver. »
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