COHABITATION. Pour se sentir moins seul et se soutenir, certains habitants d’un même immeuble ou d’un même quartier se serrent les coudes au quotidien. Des associations comme “Voisins solidaires” les aident dans leur démarche et donnent des clés pour ouvrir les portes des personnes isolées.
DR« L’enfer, c’est d’être tout seul », lâche Atanase Périfan. Depuis plus de 15 ans, ce Parisien lutte contre l’exclusion sociale, et multiplie les structures pour faciliter les liens de proximité. « En 1997, j’ai découvert, dans un appartement, le corps d’une personne âgée décédée depuis quatre mois.» Cette expérience crée le déclic : « Il fallait trouver un moyen de créer plus de solidarité. On se dit à peine bonjour entre voisins !»
Un évènement qui réunit les habitants d’un même quartier, d’une même résidence, autour d’une fête ou d’un dîner. Pendant plusieurs années, le Toulousain Jean-Yves Trapp a ainsi organisé des rassemblements dans le quartier de Jolimont. Jusqu’à deux cents personnes sont venues partager un moment dans le petit parc situé en bas de son immeuble. « Le plus difficile est de mobiliser un noyau dur de personnes motivées pour donner un coup de main. Mais si tu arrives à instaurer une certaine confiance, ils finissent toujours par te suivre », explique-t-il. S’il est déçu que personne ne prenne sa relève, il semble garder de bons souvenirs de ces moments passés entre voisins. En tournant les pages d’un album regroupant les photos de tous les évènements qu’il a organisé, il nuance : «Mais pour lutter réellement contre l’isolement, il faudrait aller encore plus loin.»
Atanase Périfan, également Président de la Fédération européenne des solidarités de proximité, s’est aperçu qu’au quotidien aussi, il fallait un prétexte pour aborder des inconnus. De là est né le concept de l’association Voisins solidaires : développer les petits services et l’entraide dans la vie de tous les jours. Différents outils sont ainsi mis à disposition gratuitement : l’annuaire des habitants et le “Guide du bon voisinage” par exemple. Cela permet de créer un état d’esprit positif dans les résidences, «une solidarité de proximité plus spontanée.» Un enfant aidera une grand-mère à monter ses courses jusqu’à son appartement, un retraité gardera une fille malade… «Tout le monde y gagne», assure Atanase Périfan.
Pour Noël, l’association propose également un kit comprenant un tract d’invitation à distribuer dans les boîtes aux lettres afin de convier ses voisins à passer un moment ensemble ou encore une liste d’idées pour réussir un réveillon d’immeuble. «Parce qu’il est plus facile de frapper à la porte d’un inconnu pour lui dire “tiens, c’est Noël, descends”», raconte Atanase Périfan.
«Il faudrait que les régions et les villes soient les incubateurs de toute cette solidarité, mais on ne peut pas mettre un assistant social derrière chaque personne isolée et en ce qui concerne les personnes âgées, les maisons de retraite ont un coût humain et financier trop important », explique son fondateur. À partir du mois de janvier, l’association met donc en place un ‘’Réseau des élus solidaires’’. Parlementaires, maires et adjoints chargés de la cohésion sociale se réuniront régulièrement pour concevoir des stratégies locales de lutte contre l’exclusion. « La solidarité doit être au cœur des politiques publiques », conclut-il.
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