Après avoir annoncé la remise à la rue de 23 familles logées dans des hôtels à Toulouse, la préfecture revient sur sa décision. Un sursit salvateur, mais qui révèle « des dysfonctionnements » au sein des services de l’État, selon les militants du collectif d’entraide et d’innovation sociale (Cedis).
La préfecture suspend la mise à la rue de 23 familles hébergées en urgence dans des hôtels, à Toulouse © Ben Art Core – RESF 31Ce samedi 15 août, la préfecture a annoncé « surseoir » à sa décision de mettre fin à la prise en charge de 23 familles disposant d’un hébergement d’urgence en hôtel à Toulouse. Une remise à la rue, donc, qui devait prendre effet ce lundi et dont les personnes concernées avaient été informées par courrier, le 31 juillet dernier. Une « victoire au goût amer » pour les militants du Collectif d’entraide et d’innovation sociale (Cedis).
« C’est une bonne chose pour les familles. Mais un tel revirement de situation révèle surtout les dysfonctionnements récurrents de la préfecture de Haute-Garonne », déplore Thomas Couderette, cofondateur du Cedis. Celui-ci reproche notamment aux services de l’État de jouer avec le calendrier et de se prononcer « à la va-vite », sans « étudier suffisamment les dossiers en amont ».
« Depuis quelques années, la préfecture a pris l’habitude de faire le sale boulot de l’État au mois d’août. Au moment où il est le plus difficile de réagir, pour les familles comme pour les associations, et où ce type d’actions passe inaperçu », rappelle le militant. Dès l’annonce de la remise à la rue des 23 familles hébergées en hôtel, il y a quinze jours, celui-ci avait dénoncé un agenda malvenu, surtout en période de crise sanitaire et en pleine canicule.
Pour lui, ces tentatives de passage en force de la part de la préfecture sont d’autant plus inadmissibles qu’elles se basent sur des décisions « prises à la légère ». Une partie des personnes concernées étant, selon lui, dans des situations qui justifient une prise en charge automatique. « Cela fait trois étés successifs que nous sommes confrontés à ce type d’annonces qui sont ensuite annulées. Trop de dossiers ne sont pas correctement analysés en amont des décisions », ajoute-t-il.
Thomas Couderette cite notamment les cas d’une famille vivant avec un nourrisson, né prématurément, de femmes victimes de violences ou d’une personne en convalescence après une chimiothérapie. « Faire peser sur eux une menace d’expulsion, pendant deux semaines, est terriblement angoissant. Ce sont des décisions aux conséquences humaines très lourdes », fustige le militant qui aspire à plus de concertation entre l’institution et les acteurs de terrain.
D’autant que les principaux intéressés comme les travailleurs sociaux qui les accompagnent se plaignent d’un manque de visibilité. « Nous ne savons même pas si l’annonce de cette fin de prise en charge est définitivement annulée ou simplement reportée. Nous craignons que la préfecture ne revienne rapidement à la charge, au moins pour certaines familles », s’inquiète Thomas Couderette avant d’assurer que les associations resteront mobilisées et vigilantes sur ce dossier.
De son côté, la préfecture a seulement pu nous confirmer que la décision de surseoir à l’expulsion des 23 familles hébergées à l’hôtel avait été prise suite à une rencontre avec les associations et collectifs vendredi dernier. Sans préciser quelles mesures d’accompagnement seraient mises en place, l’institution s’est engagée a réexaminer les différentes situations au cas par cas.
Mis à jour le mardi 18 août à 13h42
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