Ce jeudi 29 avril, un collectif représentant les habitants du quartier de la Reynerie a été reçu par leur maire de quartier, Gaëtan Cognard. Ils ont notamment abordé le projet de relogement et pour certain, leur volonté de conserver leur habitation.
« On veut rester à la Reynerie ! », clame Faïza Madani, habitante du quartier depuis une quinzaine d’années. Ce jeudi 29 avril, trois membres de l’« assemblée des habitants de la Reynerie » ont été reçus par leur maire de secteur et adjoint au maire à la politique de la ville, Gaëtan Cognard. Ils étaient une quinzaine à les avoir accompagné sur le parvis du Capitole. En ligne de mire, leur relogement opéré par le bailleur, le groupe des Chalets.
Pour certains, les propositions de relogements auraient été « de 150 à 300 euros plus chères » par rapport à leur logement actuel dénonce Faïza. La mère de cinq enfants déplore également « des surfaces plus petites ». Elle poursuit : « J’ai perdu mon travail. On ne peut pas payer un loyer plus cher. On a nos amis ici. C’est un départ forcé. Mes enfants non plus ne veulent pas partir, ils aiment le quartier. »
Entamé depuis plusieurs années et requalifié en Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) en 2019, le projet de reconstruction peine à avancer face à la volonté de certains habitants. Ce projet, validé sans l’aval de l’assemblée des habitants de la Reynerie, entérinerait la destruction des principaux immeubles du quartier.
Quartier Prioritaire de la Ville (QPV), cette zone tient pourtant à cœur aux riverains. « Chez nous, c’est un peu comme un village. Les gens se connaissent. On n’a pas idée des liens qui se sont créés au fil des années à la Reynerie. Si les habitants sont éparpillés aux quatre coins de la métropole, tout ça vole en éclats », explique à son tour Jean-Louis Siksik, présent depuis 40 ans dans cette partie de Toulouse.
Mais par dessus-tout, c’est la sensation d’être déplacé de force qui excède le plus l’assemblée des habitants de la Reynerie. Un riverain glisse, furieux : « On m’a déjà forcé à déménager il y 5 ans, pour me déplacer à nouveau aujourd’hui ! Une partie de l’immeuble a déjà été démolie et maintenant on veut détruire l’autre. » Sonia, présente lors de la réunion avec M. Cognard, fait elle aussi état de pressions sur les locataires. « Les Chalets s’épaulent de la Mairie pour harceler les gens et les faire partir. »
Face à cela, la Mairie affiche ses regrets, mais espère que la transition se fera de la manière la plus douce possible. « La réalité est là, dans tout programme de relogement, il y a des personnes qui auraient aimé rester. Mais il y a des déclarations d’utilité publique… », explique le maire de quartier, Gaëtan Cognard. « Nous, on souhaite que le bailleur accompagne au mieux les locataires, pour leur faire comprendre leur intérêt », poursuit-il. L’élu à la politique de ville met en avant le bilan concernant la gestion globale des anciens locataires : « Sur le NPNRU, il y a déjà eu 506 familles qui ont déjà été relogées. »
Même réponse du côté du bailleur, les Chalets, qui invoque « l’intérêt des locataires ». Il nous renvoie vers le communiqué de presse publié quelques semaines auparavant. « Il semblerait que des inquiétudes soient ressenties par certains locataires. Nous en prenons acte et allons tous les contacter dans les jours à venir », y est-il écrit. Si Gaëtan Cognard est « dans l’attente d’une décision », le plan de relogement et donc à terme de destruction des immeubles de la Reynerie, lui, suit son cours.
Rémy Gaubert
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